Le jeu du « question/réponse » post partum de Pauline.
Voilà les « quelques » mots dans mes débuts de ma nouvelle vie de maman :
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Pauline, j’ai 29 ans et j’habite en Vendée aux Sables d’Olonne. Je suis en couple avec Florian, 29 ans, et cela va faire 13 ans que nous sommes en couple (assez incroyable pour le souligner). Le 26 mars 2021 nous avons donné naissance à Juliette.
Peux-tu nous décrire comment tu as vécu ta/tes grossesse(s) ?
J’ai adoré être enceinte. J’ai toujours aimé prendre soin de mon corps et là j’ai pu en profiter davantage. Je continue donc à faire du pilate, du yoga, et de la méditation. Je me suis même offert un massage de grossesse. Quelques nausées en début de grossesse, que j’oublie rapidement à la fin du premier trimestre. La fatigue est par contre, très présente dans mon quotidien. Je m’écoute et fais des siestes, je dors beaucoup.
Et puis je profite de ce ventre qui s’arrondit, de ce corps qui change, et me trouve belle. Je suis fière de porter la vie et heureuse de ce qui nous arrive.
Peux-tu nous décrire comment s’est passé ton/tes accouchement(s)?
Mon conjoint et moi décidons de nous faire un petit séjour en amoureux avant de se retrouver à trois. Nous partons en Bretagne (3h de route) pour profiter des belles plages de la côte. Nous réservons dans un super hôtel, avec repas gastronomique en chambre.. etc. Mon dossier médical sous le bras (on ne sait jamais), la confirmation de la part de ma sage femme que tout est ok, nous partons. Je suis à 7 mois et demi de grossesse, et tout se déroule bien. Pas de contractions (ou du moins c’est ce que je crois), pas de contre indication. Etant en forme et marchant tous les jours je me sens de profiter de ce séjour à deux (ou plutôt à trois car nous embarquons notre chienne Molly avec nous).
Après une belle journée de marche on rejoint notre hôtel situé à Carnac. Il est 20h30, et en attendant que le diné soit monté en chambre. On se repose sur le lit. Mais voilà que je commence à me sentir mouillée au niveau de ma culotte. Je dis à Florian en rigolant « oh non je crois que ça y est j’ai des fuites urinaires ». Et puis je vais aux toilettes plusieurs fois, je vois que ça s’intensifie et que je ne peux pas me retenir. Florian a l’air paniqué. Et mon cerveau commence à comprendre.
On se regarde, je me dis que c’est pas possible, je suis en train de faire un cauchemar. On décide d’appeler ma sage femme. Tout se passe très vite. Le serveur sonne, Molly se met à aboyer, je sors sur la terrasse, et là j’entend « vous avez fissuré la poche des eaux ».
Première réaction : je pleure.
Il faut savoir que j’aime tout contrôler et organiser. Je ne comprends donc pas comment ça peut m’arriver. J’ai envie de rentrer chez moi et accoucher là où j’avais prévu d’accoucher. Mais ce n’est pas possible. Mon (adorable) sage femme me rassure et je l’entend prononcer « prématuré ». Je ne m’attendais pas à ça et je suis sous le choc. Et en même temps j’occulte cette info. Elle m’explique qu’elle cherche un hôpital de niveau trois avec un service néonatologie au plus proche de là où je suis.
Entre temps j’ai du faire signe à Florian car je le vois courir dans tout les sens et préparer les affaires. Ce que je comprends de ma conversation avec ma sage femme : je vais donner naissance à un bébé prématuré, nous devons rejoindre calmement la maternité, tout va bien se passer.
Nous arrivons vers 21h30 à l’hôpital. Je suis prise en charge par une équipe. On me confirme que je perd bien du liquide amniotique, j’ai a priori des contractions que je ne sens pas, et mon col n’est pas ouvert. Après un contrôle d’une heure, on m’installe dans une chambre car rien ne laisse penser au début du travail. Je suis trop avancée dans la grossesse pour stopper quoique ce soit.
Et je comprends que je vais rester ici, que j’accouche dans 3 jours ou dans 2 semaines. Ce qui finalement me déclenche peut être les contractions. Ayant fait quelques cours de préparations à l’accouchement, je patiente « tranquillement », j’attends de voir si mes contractions sont régulières. Entre temps Florian fait des allées retours pour notre chienne Molly, qu’on a installé dans la voiture juste devant l’hôpital. Au bout d’une heure, j’appelle car je pense que j’ai des contractions régulières qui s’intensifie (je fais ma bonne élève). En effet, on me confirme que je suis à 3.
Je suis incapable de décrire mon état, tout se bouscule dans ma tête. Je mets en marche le mode pilote automatique et je me concentre uniquement sur ce qui est en train de se passer.
Ça y est, j’ai enfin compris que j’allais accoucher ici. Tout se passe très vite, selon moi. Je rencontre l’anesthésiste pour le cas où je souhaite la péridurale, on me branche, on me parle, on contrôle bébé. Pour elle tout se passe très bien. Elle est bien positionnée, son cœur va bien et elle bouge beaucoup.
Je m’étais imaginée : prendre une douche, faire du ballon, marcher… Me voilà bloquée dans ce lit, couchée sur le flan a essayé de respirer tant bien que mal. Heureusement, la sage femme présente ce jour là m’a sauvé et m’a aidé à gérer mes contractions. Je demande la péridurale car j’ai peur de ne pas réussir à aller au bout sans. Personne ne me contrôle avant. Je romps la poche des eaux, j’appelle car j’ai mal. On me pose la péridurale (difficilement) et ensuite on me dit « vous êtes à dilatation complète ». Au fond, je suis fière de moi. Il faudra attendre deux longues heures avant que bébé s’engage ensuite, et 20 minutes de poussée pour la faire sortir.
C’était difficile, intense et magique à la fois.
Je la vois, je regarde Florian, on me l’enlève (et oui prématurité oblige). On revient me la présenter. Elle respire seule, mais il faut l’emmener en couveuse. Florian part faire du peau à peau avec elle. Et moi je comprends enfin : elle est prématurée, c’est une chance que ses poumons fonctionnent seuls, elle va bien mais elle est loin de moi. Je reste deux longues heures ici, dans cette pièce, seule, avec un peu de musique. Je me raccroche à ce qui vient de se passer. Il est 5h du matin. J’essaye d’appeler mes parents, ma sœur, ma meilleure amie, mais il est tôt. Je reçois des photos de Florian en peau à peau avec notre fille, et je pleure.
Je pleure de joie, je pleure de tristesse, je pleure d’un trop plein d’émotions. Mon accouchement s’est très bien passé, pas d’instruments, pas de déchirures, pas d’épisiotomie. Et j’attends.
2h plus tard, je regagne ma chambre, on m’encourage à manger avant d’aller la voir. Je mange donc vite, je me sens tellement faible et excitée à la fois. Florian me retrouve et m’emmène. Il est tout fou et ses yeux pétillent de bonheur. Plus j’approche du service et plus j’appréhende. J’ai peur de la rencontrer. Je la vois dans sa couveuse, toute recroquevillée. Je la trouve tellement petite, mais on me dit « oh non elle est pas vraiment préma par rapport aux autres dans la pièce ». Et je pense que c’est censé me rassurée… Alors oui malgré son arrivée imprévu, son poids 2,440 lui permet d’avoir des forces mais tant mieux non ? J’occulte cette dame qui me parle rapidement, abruptement, et sévèrement. Je n’ai d’yeux que pour ce petit bébé dans cette couveuse. On me la pose sur moi, en peau à peau et là le temps s’arrête.
Que connaissais-tu du post-partum avant ton accouchement ?
T’étais-tu renseignée en amont ?
Je me suis énormément renseignée sur la grossesse (livre, réseaux sociaux, témoignages, cours de préparation), si bien que je n’ai absolument pas pensé au post partum. Pour moi cela allait être magique, bébé serait là et nous serions heureux tous les trois. Je ne connaissais donc rien du post partum et je n’ai pas trouvé nécessaire de me renseigner à ce sujet.
Comment se sont passés les jours à la maternité ?
Nous sommes restés 11 jours à la maternité (bébé préma oblige). Cela m’a permis de rester coller à mon bébé et mon conjoint, sans visites (covid). J’avais les réponses à toutes mes questions grâces aux personnels médical. Et sincèrement j’ai trouvé cela génial. Nous avons pu débuter cette nouvelle vie dans un petit cocon. Le personnel était très respectueux de l’intimité tout en nous accompagnant dans notre nouvelle vie de parents ! Il faut bien avouer que ce n’était pas de tout repos avec la ribambelle de contrôles chaque jour mais j’en garde un bon souvenir.
Comment s’est passé le début de l’allaitement ? (si l’allaitement était ton choix)
Bébé préma, difficulté à prendre le sein, proposition d’un bout de sein en silicone tout en nourrissant bébé à l’aide d’une paille avec le doigt. Des débuts difficiles, intenses mais nécessaires. Le personnel soignant m’a aidé, accompagné et encouragé. J’ai failli baissé les bras plus d’une fois, mais mon entourage, ma sage femme m’ont donné confiance en moi. Je me suis écoutée et aujourd’hui cela fait 6 mois que j’allaite. Et je n’ai pas envie de m’arrêter ! Je suis en éviction des protéines de lait de vache depuis que bébé a 2 mois et demi en raison d’un RGO…
Mais je savoure pleinement mon allaitement et j’ai été vraiment à l’aise au bout de 3 mois je dirais. Notamment grâce au fait que bébé avait moins de régurgitations / vomissements (grâce à l’éviction des PLV) et au fait que je sois plus à l’aise avec mon allaitement en public. Cela n’a pas été facile car je suis pudique et je n’osais pas allaiter dans des lieux publics, par peur du regard des autres. J’ai évolué à ce niveau là mais cela a été très difficile pour moi.
Comment s’est passé le retour à la maison ? Peux-tu nous décrire les 40 jours qui ont suivi ton accouchement ? (Tes sentiments face à ton bébé, à ton corps, à ton entourage, à ta nouvelle vie, à ton nouveau rythme…)
Pour résumer mon retour à la maison en un mot : CHAOTIQUE.
A l’heure actuelle j’ai presque oublié, mais chaque jour j’essaye de me souvenir de cette période sombre de ma maternité. J’ai perdu mes repères une fois chez moi. Je n’étais plus dans un cocon entouré de professionnel. J’étais en compagnie d’un bébé ayant un RGO, qui pleurait sans cesse, qu’il fallait nourrir sans cesse. J’avais mon chien à m’occuper, ma maison à ranger, mes lessives à effectuer. Je voulais être sur tous les fronts mais j’ai compris bien après que ce n’était pas possible. Je me suis mise une pression pour que tout soit parfait. Et quand mon conjoint a repris le travail j’ai perdu pied avant de comprendre qu’il fallait lâcher prise et me foutre la paix.
J’ai cru que je n’aimais pas mon bébé. Je n’ai pas eu le coup de foudre pour elle. Elle pleurait sans cesse et je ne savais pas quoi faire. J’avais une seule envie, la confier a mon conjoint et partir loin… et en même temps je culpabilisais de penser ça. J’avais l’impression de ressentir de la colère envers ce petit être. J’étais déstabilisée, perdue et je me sentais seule. Etant la première de mes amies à être maman j’ai cherché d’autres personnes afin de m’entourer et d’être soutenue. Cela m’a été d’une grande aide.
Comment as-tu vécu la transition de « devenir mère » ?
Comme une bonne grosse claque… Je crois que je la vis encore d’ailleurs !
T’es tu sentie soutenue dans ce que tu traversais ?
Mon entourage m’a énormément aidé. Mes amies, ma famille, ma sage femme, la pédiatre, et bien sûr mon conjoint m’ont été d’une très grande aide. Je me suis sentie écoutée, aimée, soutenue et ça ça n’a pas de prix. J’ai ressenti une vague d’amour et de bienveillance dont je ne m’attendais pas.
L’image de la maternité que tu avais a-t-elle changé depuis que tu as des/un enfant(s) ?
L’image que j’avais de la maternité était totalement faussée. Aujourd’hui je suis différente et je suis fière de moi. J’apprends et je grandi grâce à cette nouvelle vie.
Qu’aurais-tu aimé savoir en amont ?
J’aurai voulu être coaché et préparé au post partum, à la possibilité d’être triste, mal, de ne pas comprendre mon bébé. D’être déboussolée, de me sentir seule, nulle, abandonnée.
J’aurai aimé qu’on m’explique que les pleurs de décharge ce n’est pas grave. Que si ma maison n’est pas parfaitement rangé ce n’est rien, que les lessives ça peut attendre un peu, que je suis belle, forte, et qu’il faut que je me fasse confiance. J’aurai aimé qu’on me dise : « ne pense qu’à toi et ton bébé c’est le principal. «
Mais je pense aussi que tant qu’on ne le vit pas, il est difficile de s’en rendre compte et de se préparer à ça.
Que souhaites-tu donner comme conseils aux futures mamans ?
FAITES VOUS CONFIANCE. Vous êtes la seule à savoir ce qui est bon pour vous et pour votre bébé. Cette phrase m’a aidé et j’espère qu’elle en aidera d’autre. Entourez vous des bonnes personnes et sollicitez les. Osez demander de l’aider, osez les questionner. J’ai même fait un gros trie sur les réseaux sociaux, cela peut paraître étrange peut être pour certains/certaines mais je me suis abonnée qu’à des comptes qui me faisaient (me font toujours) du bien et les autres adios ! Ecoutez vous et suivez votre instinct, il ne se trompe jamais.