Mon Post-Partum

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La Patrescence : le témoignage de Johan

Ma vie n’a pas basculé quand nous avons appris un matin de début janvier que nous allons être parent, l’arrivée de cet enfant était voulu / souhaité.
Ma vie a basculé depuis le 1er confinement du 17 mars 2020 pour diverses raisons personnelles et professionnelles. Melissandre commençait à peine son 2ème trimestre quand la nouvelle est tombé, nous n’étions pas trop inquiet puisque nous habitons temporairement – pour l’hiver normalement – dans une vallée cévenole, notre quotidien ne changeait pas confinement ou non.

Pendant cette grossesse, j’ai eu plusieurs coup de massue :

Le 1ère a été la 2nd échographie avec l’interdiction de la présence du père, j’ai eu énormément mal à l’accepter, pourquoi les hautes instances de la santé m’enlevait cette 2nde rencontre avec mon enfant ? J’ai fendu en larmes en appelant notre sage femme libérale pour essayer de comprendre. C’est la 1ère fois que je craquais littéralement devant une personne que je connaissais peu finalement.

Le 2nd a été en mai lorsque la sage femme libérale qui devait nous suivre dans le sud landes, ne pouvait plus le faire pour raisons personnelles et professionnelles. J’ai respecté totalement sa demande de trouver une solution B, c’est à dire de rester dans les cévennes afin de se donner la possibilité de faire l’accouchement à domicile. Je sais qu’au fond de moi-même, ça était très dur pour moi car je souhaitais rentrer sur le côte landaise car je m’ennuyais littéralement dans les cévennes, c’est magnifique pour y vivre 2 – 3 mois mais pas une année entière de mon point de vue…

Le 3ème a été ce parcours de combattant que nous avons eu pour être dans les clous concernant l’accouchement à domicile. Dans la législation française, il faut être à 30min maximum de la maternité la plus proche en cas de complication. Facile à dire quand tu vis dans les cevennes et que toutes les maternités sont entre 50min et 1h30… Au final, nous devions un logement de début aout à début septembre. Super en pleine saison touristique… Finalement Melissandre est tombé par hasard sur une personne qui connaissait potentiellement une personne pour nous préter son appartement et être dans les clous niveau temps de trajet maison => hôpital. C’est arrivé 3 semaines avant la date du terme..

Heureusement pendant la grossesse, nous avions Marine notre doula qui nous a accompagné à distance après une déception avec la 1ère doula que nous avions consulté dans les cévennes. A partir de ce moment-là, j’ai compris qu’est ce que c’était une doula, cette énorme soutien pour les futurs parents en amont et après l’accouchement. C’est tellement merveilleux de se sentir entendu, compris et conseillé en tant que futur père, ça n’a pas de prix et je m’en rends compte encore aujourd’hui de cette chance d’avoir rencontrer une si belle personne.

Le dernier coup de massue a été la phase de travail : Instinctivement je me suis réveillé le 2 septembre vers 3h00. Meli me dit à qu’elle a ces 1ères contractions. Rien d’inquiétant à 1ère vue après nos séances de préparation à l’accouchement avec notre sage femme donc j’observe, j’écoute les bruits que fait Meli. Au bout de 20min environ, je me dis que je vais utiliser cette application android pour chronométrer et voir s’il y a une régularité dans les contractions, je fais le nécessaire pour la soulager : spasfon, douche bien chaude et cie.

Au bout d’une heure, j’appelle la sage femme pour expliquer la situation et elle me dit cash : « Johan, il faut aller dans le lieu de l’accouchement, partez direct « . Et là à partir de ce moment, mon cerveau a surchauffé car je devais charger la voiture avec toutes les affaires. Heureusement j’ai eu une courte lucidité en allant chercher la voisine (au passage rencontre avec un sanglier en sortant de la maison) pour rester avec Meli car sinon notre fils serait venu au monde avec seulement ces parents sans sage femme ou dans la voiture. A 6h13, Leo est descendu comme un toboggan, 9min après que l’on soit arrivé dans l’appartement pour l’accouchement.

Quel bonheur de prendre son fils dans les bras, j’ai même été le 1er à faire le peau à peau avec lui car Meli était totalement dans les vapes. A choisir, j’aurais préféré que soit d’abord elle qui l’est en peau en peau car c’est elle qui l’a porté pendant 9 mois…

Les 1ères semaines de post partum se sont relativement bien déroulées de mon côté, j’étais heureux de prendre soin de mon amoureuse et de mon fils. Certes, nous avions tout à apprendre mais qu’est ce que c’était bien super ces 1ers moments tous les 3 dans notre bulle cévenole où le temps passait à une vitesse folle. A mes yeux, le mois d’or était crucial, j’essayais de faire un max de choses pour que Meli puisse se reposer, la soutenir dans les moments de doutes lié à l’allaitement, etc…

Nous avions convenu ensemble qu’on déménagerait fin octobre / début novembre pour ne pas brusquer Meli et Leo. Alors que nous étions en plein préparatif de rangement, une nouvelle claque qui vient toquer à la porte: annonce du 2nd confinement dans quelques jours, le gouvernement laisse aux français le temps de rentrer chez eux pendant les vacances scolaires. Nous nous sommes dit que nous étions maudits, pourquoi  » l’univers  » nous mettait des bâtons dans les roues pour rentrer sur la côte basco-landaise.

Finalement du stress pour pas grand chose car nous avons pu déménagé sans aucun soucis. Le début du renouveau devait commencer en s’installant dans les landes à moins de 10km de l’océan. Aujourd’hui, je l’attends toujours cette résurrection, je me reconstruis tout doucement depuis janvier en allant voir une sophrologue pour gérer mes émotions (lié au contexte sanitaire et à la patrescence) et un début de suivi avec le centre médico-psycologique des landes (malheureusement les délais entre chaque rendez vous sont beaucoup trop longs – 1 mois en général – c’est vraiment triste d’avoir un accompagnement médiocre pour les jeunes parents). J’ai pris cette décision de me faire aider suite à une énorme crise d’angoisse que j’ai eu pendant les fêtes de fin d’année car j’étais épuisé par mon rôle de père. Faut pas se mentir, je le suis encore épuisé, je pense même que j’ai un pied dans le burn out parental après avoir écouter divers podcats et regarder une émission des maternelles – Meli pense aussi qu’elle y est / était surement, ça ne part pas d’une baguette magique…

Je me suis mis trop la pression sur pleins de choses comme gérer la maison (courses, ménage, etc…), laisser du temps à Meli pour se reposer et prendre soi d’elle pour au final m’oublier aussi bien sur le plan personnel que professionel, le covid n’aide pas trop à s’épanouir dans la photographie de spectacle depuis un an maintenant… C’est simple à un moment, j’ai eu plusieurs fois la pensée de m’enfuir tout seul pour respirer pendant quelques temps tellement que je suffoquais…

Pour moi, la découverte de la patrescence s’est clairement fait au pire moment de ma vie car j’étais déjà pris dans un tourbillon d’émotions lié à cette « crise » sanitaire auquel c’est ajouté ce merveilleux tourbillon de la parentalité. Dans ce beau bordel, ma famille se réveille seulement depuis le début de l’année pour m’aider / nous aider et du côté de la famille de Meli, c’est le néant total.

C’est dur au 21ème de s’imaginer être seul quand tu es jeune parent car l’entourage (famille ou ami.e.s) a des croyances limitantes sur tel ou tel chose (l’allaitement, le sommeil, laisser pleurer ou non, écharpe de portage ou poussette, etc…) que malheureusement ça te fatigue encore plus et tu as l’impression que ces personnes veulent te remettre la tête sous l’eau comme si elle ne l’était pas suffisamment..

Je commence à voir un peu le bout du tunnel depuis 2-3 semaines maintenant mais je sais qu’il ne faut pas grand chose pour que des angoisses ou autres reviennent au galop. 

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