Mon Post-Partum : le témoignage de Mélody
– Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Melody j’ai 32 ans, je vie à Paris et je suis productrice événementiel et directrice artistique freelance
– Peux-tu nous décrire comment tu as vécu ta/tes grossesse(s) ?
Ma grossesse était voulue et est arrivée très rapidement, dès mon premier mois d’ovulation après notre décision d’avoir un enfant. J’ai eu une grossesse dite « normale » pas de complications type diabète gestationnel ou alitement. Du point de vu médical j’ai eu une bonne grossesse, d’un point de vu émotionnel et physique j’ai eu du mal a accepter ma prise de poids (plus de 25 kg) je n’ai pas réussi à voir le « glow » de la femme enceinte chez moi, mais j’ai adoré sentir mon bébé bouger et désler déjà sa petite personnalité et ses habitudes, j’étais plutôt paisible à faire pas mal de méditation et de chants en préparant son arrivée. J’ai eu la chance aussi de faire partie d’un groupe de femmes enceintes sur whatsapp avec qui j’ai échangé de manière quotidienne sur mes pensées et ressenti autour de ma grossesse.
– Peux-tu nous décrire comment s’est passé ton/tes accouchement(s)?
Mon accouchement a été à l’opposé total de mon projet de naissance. Nous avions fait de l’haptonomie dès mon deuxième trimestre de grossesse, j’ai pratiqué le yoga prénatal, j’ai lu « La naissance naturelle » de Ina May Gaskin, j’ai écouté pas mal de podcasts autour de la grossesse et l’accouchement (La Matrescence, Bliss, Mon Corps ce Héro …). Pour finalement être déclenché à J+4 pour un accouchement à J+6. Après deux poses de ballonnets, 7h de contractions à l’ocytocine de synthèse et une césarienne pour échec de déclenchement.
Ça reste aujourd’hui une blessure et un échec. Je dois travailler sur son acceptation. Je voulais être la guerrière que je suis dans la vie, me prouver que j’étais capable de mettre au Monde mon enfant comme nos grands mères l’ont fait et comme le font les femmes depuis la nuit des temps. Je n’ai pas été cette guerrière mais j’ai accouché d’un aventurier, mon bébé a été très courageux et très fort durant ces 56h de déclenchement et d’accouchement. Il n’a eu aucun problème pendant l’accouchement un vrai métronome. Je suis très fière de lui.
– Que connaissais-tu du post-partum avant ton accouchement ? T’étais-tu renseignée en amont ? Etais-tu préparé à ce qui allait arriver : à « l’après » ?
J’ai eu la chance d’avoir pas mal de temps durant ma grossesse et je me suis réellement passionnée pour la grossesse et le post partum, en lisant beaucoup (tel que le mois d’or par exemple) et en écoutant pas mal de podcasts (principalement La Matresecence) en suivant des comptes instagram dédiés (de Doula ou autres). Mais avant cela le 4ème trimestre m’était inconnu d’ailleurs je n’avais pas particulièrement d’empathie pour la maternité, maintenant c’est devenue une vraie passion. La mienne mais également celle des autres mères et mères en devenir.
– Comment se sont passés les jours à la maternité ?
J’ai adoré être à la maternité, une vraie parenthèse ou le temps est différent il passe plus lentement dans une douceur absolue. Les équipes jour comme nuit ont été au top ! Les puéricultrices, sages femmes, infirmières toujours la pour nous que ce soit pour les soins ou juste me réconforté. Je n’ai pas eu de montée de lait avant le 7 ème jour, ça plus la césarienne j’ai été très chamboulée à la maternité et j’ai trouvé du réconfort et des solutions. Parfois la maternité me manque un peu, aussi car il s’agit des quelques jours de découverte de notre enfant, des heures à le regarder dormir et s’éveiller au monde.
– Comment s’est passé le retour à la maison ?
J’ai eu très peur de quitter la maternité. J’avais principalement peur des nuits étrangement, car à la maternité mes plus gros moments de doutes se sont déroulés la nuit et je n’avais qu’à appuyer sur un bouton pour avoir une oreille attentive et une solution à mon problème. Mais une fois à la maison tout s’est apaisé. J’ai pris confiance en nous. D’ailleurs j’ai totalement arrêté de complémenter mon bébé en lait maternelle dès notre retour et j’ai commencé à réellement croire en mon allaitement, qui est à ce jour toujours en place.
– Peux-tu nous décrire les 40 jours qui ont suivi ton accouchement ? (Tes sentiments face à ton bébé, à ton corps, à ton entourage, à ta nouvelle vie, à ton nouveau rythme…)
Pendant ces 40 jours j’avais l’impression que mon bébé faisait encore partie de moi, l’éloigner de moi de quelques mettre me faisait mal physiquement. C’est un moment très animal ou notre cerveau reptilien prend toutes les décisions. Même en dormant on entend son bébé respirer, rien n’a d’importance en dehors des besoins primaires de notre nouveau-né. Mon bébé est né fin juillet nous avons donc passé le mois d’aout lui en couche et moi en culotte à l’allaiter à la demande. Un long peau à peau de découverte mutuelle.
Mon corps était une convalescence entre la cicatrisation externe et la remise en place interne j’ai vraiment vu mon corps bouger petit à petit, à chaque tétée j’avais la sensation que les choses revenaient à leur place. Mon entourage a été un peu présent, mais j’avais vraiment besoin d’être dans ma nouvelle bulle composée de mon bébé et de son papa. concernant le rythme très anarchique des premières semaines, nous l’avons accueilli aussi paisiblement que possible avec son lot de peurs et d’angoisses qui va avec le fait d’être jeunes parents.
– Comment as-tu vécu la transition de « devenir mère » ?
Etonnement je ne me suis pas posée la question, mais je me souviens de l’émotion qui m’a traversé lors que j’ai découvert mon bébé dans la salle d’accouchement, j’ai bien mis quelques semaines à mettre des mots dessus, quand la sage femme a passé mon bébé de l’autre côté du rideau pour me le montrer je l’ai reconnu, comme si nous avions été séparé quelques temps et que nous nous retrouvions. Très étrange comme sentiment. Je pense avoir commencé ma découverte de la maternité dès le 2ème trimestre de ma grossesse quand il a commencé à bouger dans mon ventre et être devenue mère le jour de sa naissance.
– Quels ont été les pires moments ? Les plus difficiles ? Les plus beaux ?
Heureusement on finit par oublier les pires moments … Je me souviens de quelques uns encore, le premier a été la deuxième nuit à la maternité quand je n’avais pas suffisamment de colostrum pour nourrir mon bébé, je tentais de l’extraire en pressant mon sein et en raclant mon téton avec une petite cuillère en plastique tout ça en pleure. Il a fallu prendre la décision de le supplémenter en lait infantile ce que je redoutais étant pro allaitement. Le deuxième moment difficile a été le premier soir où il a commencé à faire les fameux « pleurs du soir » pour extérioriser ses émotions de la journée. Première fois qu’il pleurait plusieurs heures d’affilée sans pouvoir le calmer … heureusement ça n’a duré que 6 semaines.
Les plus beaux moments sont si nombreux … à chaque tétée quand nous sommes dans notre bulle d’ocytocine. ses premiers rires, la première fois qu’il a volontairement posé sa main sur mon sein pour s’endormir, ses sourires du matin … <3
– Qu’as-tu appris à travers ces premiers jours/mois avec ton (tes) bébé(s) (sur toi-même, sur lui, sur ton entourage) ?
La résilience, la patience et la gestion de mes humeurs. Quand j’ai découvert que nos émotions étaient ressenties en centuples par nos bébés j’ai dû faire un travail sur moi pour m’apaiser et accepter l’inconnu et l’anarchie du rythme de bébé. Une fois ça accepté tout devient moins difficile, les réveils nocturnes les tétées plus ou moins nombreuses et longues en fonction des besoins du bébé etc … À partir du moment où on devient ok avec le fait que chaque jour sera différent alors on stress moins, il n’y a pas de planning avec un bébé juste des instants. Du moins les premiers mois 🙂
– As-tu allaité ? Si oui, cela s’est bien passé ? As-tu été aidé/soutenue dans cette démarche ?
J’allaite toujours et je n’ai pas décidé de stopper mon allaitement pour le moment, j’ai été aidé par les puéricultrices à la maternitié puis par deux conseillères en allaitement et par ma mère. Il a été très compliqué au début à cause de la césarienne et aussi du a des freins de bouche restrictifs. Nous avons pratiqué une frénectomie chez un ORL et un suivi pré et post intervention par une chiropraticienne et maintenant l’allaitement est plus serein je respire enfin 🙂
– Que souhaites-tu donner comme conseils aux futures mamans ?
Ne pas hésiter à poser des questions, être entourée et soutenue par d’autres femmes et/ ou mères qui ne font pas forcément partie de son entourage proche. Il y a une vraie bienveillance et solidarité autour de la maternité.
Ne pas garder ses doutes pour soi, se faire confiance si on a un doute c’est qu’il y a quelque chose. Suivre son instinct.
Accepter et réussir à dire non, quand on ne le sens pas, quand ça n’est pas notre projet, que ce soit dans le suivi de la grossesse, lors de l’accouchement ou par la suite. Nous sommes les seules à savoir ce qui est bien pour nous et notre bébé. Ne laisser personne décider à notre place.
Prendre soin de soi aussi, ne pas oublier de s’aimer et être bienveillante avec soi-même, devenir mère, ça n’est pas simple, entre le changement physique les hormones et le chamboulement de vie, accepter d’avoir des moments plus difficiles que d’autres, se cajoler et se féliciter aussi !