Mon Post-Partum

Mon Post Partum, le témoignage de Noémie


Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

Je m’appelle Noémie, j’ai 20 ans, j’habite en région parisienne. Gabriel est un bébé surprise ! Nous n’avons pas hésité une seule seconde lorsque le test s’est avéré positif.

J’ai toujours voulu avoir un enfant jeune pour pouvoir profiter un maximum avec lui.

Quand il aura 20 ans, j’en aurai 40 et j’espère bien être encore assez en forme pour partager pleins de moments avec lui, partir en voyage, jouer avec lui au football, …

Comment mes proches, parents et ami(e)s ont ils pris l’annonce de ma grossesse ?

Mon mari et moi étions prêts pour avoir cet enfant et en aucun cas l’idée d’un avortement a effleuré notre esprit.
Quand j’ai découvert que j’étais enceinte, une seule crainte m’envahissait : comment vont le prendre mes parents ? Et mes grand-parents ?

Je redoutais terriblement leur réaction. Je me rappelle qu’un jour mon père m’a dit : « la seule bêtise que tu n’aies pas encore faite c’est d’être tombée enceinte ! ». Cette phrase me hantait.

Ma grande sœur a été la première personne à le savoir, ainsi que mes deux meilleures amies : elles étaient en pleurs (de joie évidemment ! Il me semble même que mon amie
Marie a crié de joie )! Ma mère l’a plutôt mal pris sur le coup, elle s’est inquiétée pour moi,
elle a dû se dire que j’étais trop jeune, et a dû penser à toutes les contraintes et difficultés
pour s’occuper d’un enfant. Je ne lui en veux pas, elle a fait son rôle de maman.

Mon père a pleuré à ma très grande surprise, il était très heureux, il est devenu papy la
même année que ses 50 ans. 🙂

Mes grands-parents étaient persuadés que j’allais gâcher ma vie, que je n’avais pas assez
profiter de ma jeunesse, que j’allais avoir des difficultés financières. Ça m’a beaucoup
blessé d’entendre ça de de leur part….

Les avis étaient très partagés : Avais-je assez de place pour accueillir un enfant ( à
l’époque je vivais dans un 25 m²) ? Etais-je assez mature pour devenir mère ? Ma
situation financière était t-elle suffisante pour élever un enfant ? 20 ans, n’est-ce pas trop
jeune ?

Aujourd’hui mes parents sont les grands-parents les plus heureux de planète, ils sont
complètement dingues de leur petit fils, le premier garçon de notre famille (je n’ai eu que des sœurs, 5 en tout). Mes grands-parents sont émerveillés devant leur arrière-petit fils, et ils sont très heureux de pouvoir connaître au moins un de leur arrière-petit enfant.

Dans l’ensemble, tout le monde est ravis d’accueillir Gabriel, mes parents ce sont beaucoup investis dans ma grossesse et encore aujourd’hui. Mes sœurs ainsi que mes ami(e)s en sont complètement fous ! C’est vraiment un pur bonheur de voir autant de monde aimer mon fils

La maturité n’est en aucun cas une question d’âge. Quand je regarde mon fils, je me dis
que rien de plus incroyable ne pouvait m’arriver. Je suis tellement heureuse d’avoir eu cette chance de tomber enceinte (bien que cela n’étais pas prévu du moins pas maintenant). Je sais que beaucoup de femmes souffrent de ne pas pouvoir avoir d’enfant aussi facilement et rapidement, et je remercie chaque jour le ciel de m’avoir fait don de ce cadeau si précieux <3

Peux tu nous décrire comment tu as vécu ta grossesse ?

J’ai adoré être enceinte. Sentir mon fils bouger, vivre en moi était de loin la meilleure sensation au monde!Je n’ai pas eu de soucis particulier, j’ai eu une grossesse « normale ». J’ai néanmoins fait beaucoup de rétention d’eau.

J’ai aussi pris pas mal de poids, 23 kg en tout, sans faire d’excès particuliers. J’ai très mal vécu cette prise de poids car ma sage-femme disait que c ‘était trop et qu’il fallait que je consulte une diététicienne au plus vite.

Moi qui souffre de troubles du comportement alimentaire et ayant un passé avec l’anorexie mentale, je l’ai plutôt très mal vécu. Comme si mon poids était plus important que le reste.

1 semaine après mon accouchement, j’avais déjà perdu 13 kg sur 23, comme quoi c’était en grande partie QUE DE L’EAU et qu’au final je n’ai pris que 10 malheureux kg de grossesse… Des personnes de mon entourage se permettaient des remarques comme le béluga, la baleine, la grosse vache … Que des petits surnoms absolument merveilleux.

Mon bébé était en bonne santé et grandissait très bien, c’était le plus important pour moi 🙂
Le confinement à été très compliqué pour moi mais heureusement que j’avais mon petit mari pour me soutenir et me supporter surtout !

Peux tu nous décrire comment s’est passé ton accouchement ?

Mon accouchement a été assez difficile, du moins la période du pré-travail et du travail. J’ai passé en tout 41h à souffrir le martyre. Je disais aux sage-femmes que je souffrais, mais on me répondait qu’il était trop tôt pour une péridurale, que mes contractions n’étaient pas assez rapprochées. Je peux vous dire que lorsqu’on vous donne du Spasfon alors que vous pleurez de douleur, vous avez juste envie c’est de le leur mettre dans la figure.

J’étais épuisée, je n’ai eu aucun repas, je devais aller à la cafétéria pour manger un morceau entre deux contractions. Mon col ne s’ouvrait pas assez vite, on m’a donc déclenché avec un tampon. Et bha je peux vous assurez qu’il s’est bien ouvert !

Cette nuit là, une femme a commencé à accoucher au beau milieu de la salle d’attente. Elle a pris ma place en salle d’accouchement, c’est pour cela que j’ai tant attendu. Il n’y avait pas
assez de salle d’accouchement, j’ai dû attendre plus de 11h avant d’être enfin emmener pour recevoir cette création de dieu : LA PÉRIDURALE.

On m’avait donné des médicaments plus forts pour la douleur qui ont fait effet une fois arrivée dans la salle de travail, donc bien trop tard. De base, je voulais tenir le plus longtemps sans, mais arrivée à 5 doigts de dilatation, j’ai pris cette délivrance… et elle n’a pas fonctionné au début. On a augmenté la dose et enfin, j’ai pu me reposer, complètement « shootée »…

Par la suite, mon accouchement en lui même a été parfait, le col s’est très vite ouvert, et en quelques poussées, l’amour de ma vie est arrivé dans mes bras ! Aucune déchirure, aucun soucis avec le placenta, juste PARFAIT. L’équipe a été formidable.

Que connaissais tu du post partum avant ton accouchement ?

J’ai lu beaucoup de livres concernant le Post Partum mais évidemment rien ne s’est passé comme écrit. Chaque grossesse, chaque accouchement et chaque post partum sont différents. J’appréhendais vraiment le sang, les tranchées, les contractions post- accouchements, le retour de couche…

J’ai perdu beaucoup de sang et c’était très impressionnant, mais plus de peur que de mal. 🙂

Étais-tu préparée à ce qui allait arriver, à l’après ?

Je n’étais pas prête à être autant fatiguée sur le plan physique mais surtout psychologique.

Comment se sont passés les jours à la maternité ?

J’ai passé 2 jours et demi à la maternité. Le personnel attendait beaucoup de mamans à
cause des bébés de confinement. Par où commencer ? Je n’ai pas eu certains repas (oui,
on m’a littéralement oublié). J’avais clairement l’impression d’embêter certaines auxiliaires
de puéricultures, elles venaient en soupirant et ne m’aidaient pas (évidemment elles ne sont pas toutes comme cela, il y en avait des formidables!).

Mon fils à hurlé toute la nuit. Je venais de passer 41h presque sans dormir, en ayant à peine mangé et je me suis retrouvée avec mon bébé qui pleurait de douleur, il avait très mal au ventre et on me disait qu’on ne pouvait rien faire et qu’il fallait attendre. J’ai passé les pires nuits de ma vie.

Je ne dormais pas. J’étais épuisée. J’étais plus qu’heureuse de rentrer chez moi. Avec la COVID, mon mari rentrait le soir et je me retrouvais seule à devoir gérer mon enfant. On n’a pas pris soin de moi à la maternité.

J’ai aussi eu cette désagréable sensation d’être un « rince doigt », tout le monde regarde vos parties intimes, j’avais envie que d’une chose c’était qu’on laisse cet endroit tranquille. J’ai vraiment halluciné quand on m’a parlé de contraception 2 jours à peine après avoir expulser mon bébé par mon vagin. Comme si j’avais des envies sexuelles après ce que je venais de vivre, j’avais tout en tête sauf ça !

Et c’est pareil pour la poitrine, tout le monde y touche pour bien positionner bébé par exemple. Moi qui suis très pudique pour ces zones là, c’est une expérience que je n’ai pas
vraiment appréciée.

Comment s’est passé le retour à la maison ?

Je suis rentrée assez tôt de la maternité et j’ai dû voir une sage femme. Elle était absolument horrifiée de voir dans quel état j’étais : j’ai eu ma montée de lait à peine 48h après avoir accouchée. J’avais littéralement les seins gros comme des pastèques, je souffrais.

Je suis rentrée chez moi avec une montée de lait atroce, je n’arrivait même plus à allaiter mon fils et un engorgement aux deux seins. J’ai dû tirer mon lait, j’avais une lactation comme si j’attendais des jumeaux. Mon bébé a eu très mal au ventre pendant plusieurs semaines, au moins jusqu’à ses 1 mois et demi.

Mais hormis ces désagréments, j’étais la femme la plus heureuse, J’avais ENFIN mon fils, dans mes bras, chez nous.

L’attente a été très longue et la fin de grossesse douloureuse à cause de la canicule et de
la rétention d’eau mais ça en valait la peine.

Peux tu nous décrire les 40 jours qui ont suivi ton accouchement ? (bébé, corps,
rythme, famille, nouvelle vie …)


Beaucoup de fatigue, l’impression de ne plus avoir de patience ni de temps pour moi. Une
spirale « MAMAN-BIBERONS-COUCHES-PLEURS-DODO ». C’est vraiment épuisant mentalement. Je me suis interdit de craquer par peur d’être une mauvaise mère si je n’étais pas assez forte.

Comme à ma grande habitude, j’ai voulu tout faire toute seule. Voyant que je n’y arrivais pas, ça m’a encore plus énervée. Une fois cette frustration passée, tout allait mieux.

Le rythme a été difficile, mais il a fait ses nuits à 3 mois, un pur bonheur quand on passe d’un réveil toutes les 2 heures à un réveil 12h après  le dernier biberon!

Concernant mon corps, je ne l’ai toujours pas accepté. On m’a tellement embêté avec mon poids toute ma vie et encore plus durant ma grossesse que je me déteste physiquement. Toutes ces vergetures (j’en ai jusqu’aux mollets), toute cette peau détendue, cette cellulite, cette culotte de cheval, ces hanches trop développées, ces fesses qui ne rentrent plus dans mes jeans …

C’est encore trop compliqué pour moi de faire abstraction de tout ça, de me dire que j’ai eu un enfant, que tous ces changements étaient pour « la bonne cause »… Je ne sais pas aujourd’hui, à plus de 3 mois post-accouchement, si je vais un jour assumer ce nouveau corps de maman…

Comment as tu vécu la transition de devenir mère ?

Pour être honnête, je viens à peine de réaliser que je suis une maman. J’avais l’impression d’être la nounou ou la tata de mon fils mais pas sa maman. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, comme si ce n’était pas possible que cet enfant soit le mien.

Mais aujourd’hui, je réalise doucement que j’ai bien accompli le miracle de la vie, c’est bien MON bébé que je tiens dans mes bras.

Quels ont été les pires moments ? Les plus difficiles ? Les plus beaux ?

Le plus beau jour de ma vie c’est quand je l’ai enfin vu, quand je l’avais enfin sur moi après tant d’attente. C’est un amour inconditionnel et indescriptible que j’ai ressenti à ce moment là.

Il y a une phrase que j’aime beaucoup qui dit « Le jour où on accouche, c’est bien le seul jour où on va à la rencontre de quelqu’un tout en sachant que c ‘est déjà l’amour de notre vie. »

Il y a aussi les moments où il sourit, il gazouille, il me tien la main, il pose sa tête sur mon épaule pour se reposer … tous ces moments sont absolument magiques.

Mais malheureusement, tout n’est pas rose, loin de là… Les nuits où on est privé de sommeil, quand il est malade, qu’on le voit mal mais qu’on ne peut rien faire de plus à part attendre que les médicaments fassent effet. Voir son enfant souffrir, se sentir démuni face à cela, c’est vraiment une des pires sensations au monde.

Qu’as tu appris à travers ces premiers jours/mois avec ton bébé ?

Rien n’est acquis ! Quand ça fait deux ou trois jours de suite qu’il dort super bien, on se dit chouette il fait ses nuits ! Et puis deux jours après il se réveille au beau milieu de la nuit pour manger.

J’ai appris à m’accorder plus de « mou », me permettre de le laisser pleurer 5 minutes, cela ne fait pas de moi une mauvaise mère si mon bébé pleure. J’ai aussi appris à être responsable d’une autre personne que de moi même.

L’ORGANISATION est un mot super important pour ne pas être débordée ! J’essaye de m’organiser le mieux possible, de préférence en avance comme ça, nul besoin de se presser ou encore pire, de presser bébé.

Ma vision du monde, des gens n’est absolument plus la même depuis que j’ai cet instinct maternel presque « animal ». J’ai l’impression de tout analyser à mes dépends, de voir des dangers partout, de devoir le surprotéger de tout. J’ai encore beaucoup à apprendre sur mon bébé mais aussi sur le rôle de mère.


As tu allaité ? Comment cela s’est il passé ? As tu été aidé et soutenue dans ta
démarche ?


J’ai allaité pendant 3 mois. Mais voulant reprendre le travail, j’ai dû sevrer mon bébé et cela s’est fait tout en douceur. A vrai dire, je n’ai pas aimé donner le sein à mon enfant. Même si, le voir manger, être calme et serein lors des tétées étaient des moments de pur bonheur, la sensation m’était très désagréable.

J’ai très vite tiré mon lait. Ça m’a vraiment soulagé surtout la nuit, papa pouvait nourrir bébé pendant que je tirais mon lait à côté.

Évidemment, l’idée d’être une mauvaise mère car je souhaitais sevrer mon fils m’a très
vite traversé l’esprit. J’ai réussi à prendre du recul sur cette idée complètement débile et je
préfère me convaincre que j’ai donné le meilleur à mon enfant durant ses 3 premiers mois.
J’ai été très bien accompagné et soutenu par mon médecin mais également pas ma famille.


Que souhaites tu donner comme conseils aux futures mamans ?

Ayez confiance en vous. Nous allons apprendre tout au long de notre vie comment être une bonne mère. La mère parfaite n’existe pas. N’essayez pas de l’être, vous allez vous faire souffrir, vous allez aussi vous épuiser mentalement comme physiquement. Apprenez
à lâcher prise de temps en temps. Prenez du temps pour vous.

Vous n’êtes pas « qu‘unemaman », vous êtes également une femme (et une compagne/épouse). Accordez -vous ces moments de doute. Vous avez le droit de douter. Cela ne fait pas de vous une mauvaise mère mais au contraire, vous vous questionner pour savoir quoi faire et quelle est la meilleure solution.

Il n’y a pas de mode d’emploi pour être une bonne maman, laissez le temps et les expériences vous apprendre. N’ayez pas peur si vous n’avez pas encore l’instinct maternel, prenez votre temps, ce n’est pas grave. N’hésitez pas à craquer parfois, pleurez un bon coup, prenez l’air, détendez vous.

Vous êtes une bonne mère, à votre manière et c’est la meilleure manière, soyez vous même, n’essayez pas de ressembler à quelqu’un ou d’être une mère parfait, ne vous comparez pas ! Votre bébé vous aimera comme vous êtes. Vous êtes la meilleure personne qu’il soit pour votre enfant. Vous êtes la meilleure version d’une maman. Nous sommes des battantes.

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