Post-partum & deuil de la grossesse : le témoignage d’Honorine
Honorine, 34 ans et maman d’un petit Basile né le 15 juin 2020.
J’habite à côté de Lyon dans un petit village du Beaujolais et je travaille dans les ressources humaines dans une coopérative qui accompagne des entrepreneurs dans l’alimentation bio et locale (épiciers, chocolatiers, boulangers, restaurateurs…).
Suite à mon accouchement, je souhaite partager mon histoire et notamment le deuil de la grossesse que j’ai dû entreprendre pour me sentir mieux et sortir de ma dépression post-partum.
Je fais parti de ces femmes qui ont adoré être enceinte, voir même peut-être trop !
Notre enfant était désiré et par chance il est arrivé très rapidement. Tout s’est mis en place naturellement, mon gynécologue m’a interrogé sur mon projet d’accouchement et m’a redirigé vers la maternité et un gynécologue en lien avec mes attentes. Et il ne s’est pas trompé puisque j’ai eu un suivi de grossesse par un super gynécologue d’une maternité très bien réputée à Lyon.
Je pensais que tomber enceinte allait être difficile pour moi, j’aimais faire la fête, boire des verres avec mes amis, j’aimais ce sentiment de liberté, de ne vivre que pour moi, de n’être responsable que de moi.
Mais lorsque j’ai su que j’étais enceinte, je suis devenue une femme si épanouie. Jamais je ne m’étais sentie aussi heureuse et aussi bien dans mon corps.
Honorine
Aucune nausée, une légère fatigue mais une sieste et ça repart, pas de grosses fringales donc pas de grosse prise de kilos, j’ai continué à faire du sport jusqu’à mes 5 mois de grossesse, je médite et respire beaucoup pour éliminer au maximum la pression et éviter de la transmettre au bébé, je positive et me relâche au maximum. Chaque jour je me trouvais encore plus belle que la veille, j’avais confiance en moi, je me sentais forte, je faisais ce que j’avais envie de faire sans avoir peur du jugement des autres. Bah ouais, j’avais ce super statut de femme enceinte !
Tout au long de ma grossesse je m’émerveille de ce don de la nature, émerveillée par mon corps et mon esprit qui s’adaptent et se modifient pour permettre à mon bébé de prendre place dans mon ventre. Je suis fière de mon corps que je n’aimais pas avant de tomber enceinte, fière de ce qu’il a fait pour mon enfant !
J’étais enceinte de 5 mois lorsque le confinement est arrivé et ça été à mon sens une chance énorme de vivre ça sur la fin de ma grossesse : du calme, du repos et du temps pour prendre soin de moi et pour préparer l’arrivée de bébé.
Je vais marcher 1h tous les jours, je reste très active jusqu’à la fin de ma grossesse, pas trop le choix car nous devons déménager 1 mois avant mon terme.
J’ai suivi les cours de préparation à l’accouchement en visio, ces cours étaient allégés mais suffisants pour que je sois au courant d’un maximum de choses : je sais qu’il peut m’arriver plein de choses lors de l’accouchement (épisio, forceps, ventouse, césarienne…), je sais que je vais aussi accoucher dans un contexte Covid, je sais que je vais avoir une chute d’hormones, que si celle-ci dure plus de 48h c’est que je suis en dépression. Je sais que je vais devoir faire connaissance avec mon corps du post-partum, qu’il sera changé pour mettre au monde mon bébé.
Je sais aussi qu’il faut que j’ose parler de quelconque douleur, que j’ose poser toutes les questions que j’ai en tête au personnel soignant.
Bref, je me sens prête !
J’ai accouché 1 semaine après notre emménagement (et 3 semaines avant le terme). Cette journée du dimanche 14 juin 2020 sera gravée dans notre tête à vie.
Premier jour où nous décidons de ne faire aucun travaux, de ne toucher à aucun carton. Aujourd’hui, on se repose, on va se promener, on profite de notre nouvel appartement ! On jette un coup d’œil à la valise de maternité en se disant qu’il manque des choses mais qu’on a encore le temps, on finit d’écrire le récit de ma grossesse pour que je puis l’écrire au propre dans le livre de naissance de Basile.
Le soir, on mange un gros repas (et heureusement !), on regarde un film et allons nous coucher. Mon conjoint finit de lire le livre « Bébé dis moi qui tu es », il ferme la dernière page, éteint la lumière… 2 minutes plus tard une sensation de ballon qui explose dans mon ventre, je perds les eaux !
Il est minuit, on s’affole dans l’appartement pour finir la valise, je prends quand même le temps de me laver, je tremble beaucoup, ça y est je vais accoucher ! On prend la route, 25 minutes sans aucune contraction où on rigole et on chante…nous allons être parents !
Arrivés à la maternité à 1h, totalement détendus ! La sage femme est même surprise de nous voir dans cette état et se permet, très gentiment et délicatement de me rappeler que le travail n’a pas encore commencé.
Je suis installée en salle de travail, le travail commence, les contractions sont de plus en plus fortes et de plus en plus rapprochées. J’ai mal mais je respire profondément.
Dans mon projet d’accouchement j’avais prévu la péridurale dès l’instant où la douleur serait difficile à gérer pour moi.
Le travail va finalement très très vite, j’ai la péridurale à 2h30 quand mon col est à 3, 1h plus tard, à 3h30, mon col est à 5 ! La péridurale est très légère, je sens toutes mes contractions, je sens mon bébé qui descend de plus en plus en supportant très bien la douleur. Tout cela me permet de me détendre et de me reposer jusqu’à 5h30 où j’appelle la sage femme en lui disant que je sens le bébé très très bas… effectivement, il est temps de pousser, bébé est là !
Lundi 15 juin, 6h du matin, Basile pointe le bout de son nez.
Arrivée dans ma chambre à 8h, on m’apporte mon petit déjeuner et là je me dis : « Ok, ça va être compliqué de rester ici 4 jours !
Honorine
Quelle horreur cette ambiance d’hôpital où les chambres sont blanches, morbides, sans rien de chaleureux à l’intérieur. Et encore pire lorsque mon conjoint part et que je me retrouve toute seule avec Basile, à avoir la boule au ventre qui s’accentue au fur et à mesure que la nuit tombe.
Les premières larmes arrivent très vite après l’accouchement, je suis fatiguée, chamboulée, heureuse, émerveillée… et surtout flippée !
Je suis seule avec Basile, je me sens démunie, seule face à la responsabilité de ce petit bout de chou, seule face à mes doutes, à mes questions…
Est-ce que quelqu’un peut venir m’aider ?!
Est-ce qu’un.e soignant.e peut rester avec moi non stop pendant 48h ?!
Je me souviens des conseils reçus lors de la préparation à l’accouchement : osez poser toutes vos questions. Alors j’ose ! Je pose mille questions aux auxiliaires et aux sages femmes (qui par ailleurs sont débordées) sauf que je n’ai jamais les mêmes réponses, je suis complètement perdue !
Mais je comprends vite qu’en faite il n’y a pas de mode d’emploi applicable à tous les bébés, mon bébé est unique, il a ses besoins qui sont différents des autres bébés je ne peux pas en vouloir au personnel médical de ne pas être précis dans les réponses qu’ils me donnent. Je comprends donc rapidement que je dois me faire confiance et faire confiance à mon bébé !
Et se faire confiance en pleine chute d’hormones c’est plutôt très compliqué !
Je continue de pleurer, encore et toujours ! Ça alerte mon gynéco très rapidement qui me propose de parler à la psychologue de la maternité. Ça ne m’engage en rien, ça me permet juste de parler de ce que je suis en train de vivre. J’accepte, quelle bonne idée !
Mes larmes coulent toujours mais un peu moins chaque jour, elle m’aide à vider mon sac de peurs pour le remplir force et de courage.
5 jours après l’accouchement, je quitte la maternité, heureuse de rentrer chez moi. Je sens que j’arrive à retrouver de la force, je sens que je vais réussir à faire confiance à la maman que je suis.
Honorine
Pour être honnête je ne connaissais pas grand chose du post-partum !
J’ai vu passer le #monpostpartum en voyant plein de photos de femmes après l’accouchement.
Dans ma tête j’ai eu la réflexion (que je trouve horrible aujourd’hui) de me dire : « mais elles s’attendent à quoi ces femmes, à avoir un corps de rêve après un accouchement ? A se sentir en forme après avoir souffert et travaillé dur pour mettre au monde un enfant ? On créé la vie donc oui ça chamboule, oui on change ! »
Donc autant vous dire que j’ai volontairement fait en sorte de ne rien lire sur le postpartum…
Au delà de cette réflexion, je n’avais pas envie de lire des choses dures et douloureuses sur l’accouchement et le post-partum. J’étais dans ma bulle, sur mon petit nuage où rien ne pouvait m’arriver. J’avais pour devise de ne faire subir aucun stress, aucune onde négative à mon bébé. Je le protégeais tout comme il me protégeait aussi. Je me faisais confiance, je faisais confiance à mon corps, je ne ressentais pas le besoin de me projeter dans l’après, je vivais l’instant présent.
La seule chose que j’ai fait, c’est d’écouter les podcasts de « mon quatrième trimestre » qui suivait des femmes enceintes et ayant accouché pendant le confinement. Ces podcasts étaient tellement positifs et rassurants qu’ils me faisaient du bien.
Le retour à la maison est, pour moi, signe d’effondrement, de chute vertigineuse. C’est en rentrant à la maison que j’ai pris conscience que je n’étais plus enceinte et ça été terriblement difficile de l’accepter.
Tout de suite je me suis mise à pleurer en voyant mes crèmes de grossesse sur ma table de nuit, idem lorsque je me rends compte que je ne pourrais plus mettre mes vêtements de grossesse, vêtements dans lesquels je me trouvais si belle… Je pleure aussi à chaque fois que je tombe sur l’ordonnance de mon gynécologue qui me rappelle mon suivi mensuel que j’aimais tant.
Une vague de tristesse me tombe dessus alors que je viens de donner naissance à mon fils, je suis dans l’incompréhension la plus totale. Je ne sais plus du tout qui je suis, j’ai perdu tous mes repères, toute ma force et mon courage. J’ai perdu mon ventre rond…
Ma vie de maman se passe très bien, avec son lot de doutes qui je pense est normal pour un premier enfant mais j’ai une super sage femme qui vient me voir toutes les semaines le 1er mois et des supers copines (très très important les supers copines !!). Les examens de Basile sont très encourageants, le pédiatre bienveillant, nous voilà lancés dans la vie de parents. Par chance, mon conjoint est encore au chômage partiel et m’épaule au quotidien.
« Mais moi, ça ne va pas. Je pleure nuit et jour, je me sens vide, je me sens faible, je me sens impuissante face à ce sentiment de vide intérieur. »
Honorine
Tellement fatiguée et tellement en perte de contrôle de mon corps et de mon esprit, je prends la dure décision d’arrêter d’allaiter au bout de 15 jours. Dure décision car le jugement est grand dans notre société : il faut allaiter car c’est le meilleur pour ton enfant donc si tu arrêtes c’est que tu n’es pas capable de donner le meilleur à ton enfant.
Moi, j’ai décidé que le meilleur pour mon enfant serait une maman qui arrête de pleurer et qui nourrit son enfant avec le sourire car elle se sent reposée.
Les 40 jours qui ont suivi mon accouchement se définissent par un mélange de sentiments : amour fou, émerveillement, épuisement, protection mais aussi peur. En fait ce sont les montagnes russes !
Devenir parents c’est un nouvel apprentissage qui est unique pour chacun.e d’entre nous car on a tous une histoire de vie différente avec une perception des choses et des expériences de vie propres à chacun.e. Il n’y a pas de formation pour devenir parents, la meilleure école c’est nous !
Mon plus grand souhait tout de suite après l’accouchement était d’avoir une personne du corps médical avec moi tous les jours pour me dire comment faire, pour tout m’expliquer. Mais aujourd’hui, 3 mois après l’accouchement je suis contente d’avoir appris à devenir mère toute seule, en apprenant par moi-même à travers ce que mon fils me transmet au quotidien.
« Se faire confiance » : c’est la phrase qu’on m’a le plus répétée à la maternité et que j’ai le plus détestée car s’il y a bien une chose qui disparaît en plein post-partum, c’est la confiance !
Mon lien avec mon fils s’est tout de suite créé, je l’aime plus que tout et ça dès l’instant où il a été posé sur ma poitrine à l’accouchement, il est devenu ma priorité. Je suis fière de lui, je suis fière d’être sa maman, je ferais tout pour le protéger au maximum, je ferais tout pour comprendre au mieux ses besoins et y répondre.
Les visites démarrent sur les chapeaux de roue, je suis heureuse de pouvoir le présenter à mon entourage mais il faut que je protège mon enfant, personne ne peut le prendre dans ses bras ! Je ne veux pas prendre le risque qu’il lui arrive quoique ce soit (Covid) mais aussi dans le fond je ne veux surtout pas le laisser par peur qu’il pense que je l’abandonne et je ne veux pas prendre le risque qu’il se sente mieux dans les bras d’une autre personne que ceux de sa maman.
De mon côté, je suis épuisée, j’ai l’impression de faire une longue chute dans le vide mais sans parachute. Je suis épuisée mais n’arrive pas à déléguer, besoin de faire mille choses malgré tout, cuisiner, ranger, installer, reprendre le sport… Je vais épuiser le peu d’énergie qu’il me reste. En étant toujours à la recherche de cette femme que j’étais lorsque j’étais enceinte.
Bizarrement, alors que la dépression post-partum s’installait confortablement en moi, j’ai l’impression d’être devenue mère très naturellement. Je n’ai pas confiance en moi en tant que femme mais j’ai complètement confiance en la maman que je suis.
J’ai rapidement intégré que ma vie avait changée, que je suis devenue responsable d’un petit être vivant. Mon attention s’est naturellement dirigée vers Basile, vers le fait qu’il mérite le meilleur des soins de ma part.
Les gestes du quotidien sont bien assimilés, les soins sont un plaisir à faire, le bain un moment de partage et de complicité, les biberons une attention toute particulière envers lui, j’aime prendre mon fils dans mes bras lorsqu’il pleure pour le rassurer et le consoler. Rien n’est assimilé à une corvée, bien au contraire, je suis là et serais là pour lui toute ma vie.
Je me sens épanouie et sereine lorsque je m’occupe de lui. Et si une sensation de stresse s’invite en moi je vais naturellement faire des respirations pour l’évacuer et me recentrer sur ce qui me paraît être le mieux pour Basile.
Les respirations m’aident vraiment à me détendre, à positiver et surtout à éviter de transmettre une mauvaise onde à Basile. Je crois que ça marche, j’ai un bébé relativement zen !
Les plus beaux moments de mon post-partum sont tous les jours passés avec mon fils. Il n’y a rien de plus précieux que de voir son enfant grandir, évoluer, apprendre, sourire, pleurer. Chaque jour est unique, différent de la veille et de demain. Je voudrais que ces moments de partage durent éternellement mais la réalité nous rattrape malheureusement vite puisqu’il faut retourner au travail.
Je suis aussi émerveillée de voir que mon conjoint a eu la chance d’être présent tous les jours les 2 premiers mois de vie de son fils et cela n’a pas de prix. Je garde en tête tous ces beaux moments partagés à 3 mais aussi l’aide qu’il a pu et su me proposer durant les jours les plus difficiles pour moi. Sans sa présence je pense que je serais encore noyée dans cette dépression.
La grossesse et l’accouchement représentent aussi pour moi des beaux moments. Ils ne font pas parti du post-partum mais le fait que tout se soit bien passé m’aide à gérer mon post-partum. Tout au long de ma grossesse, j’ai été émerveillée d’observer mon corps s’adapter pour accueillir mon bébé mais aussi de voir comme il s’est modifié le jour de l’accouchement pour que mon enfant naisse.
« Ça été pour moi un vrai don de la nature, je ne remercierai jamais assez mon corps de m’avoir offert la naissance de mon fils, d’avoir créé la vie ! »
Honorine
Même si j’ai vite arrêté d’allaiter, j’ai trouvé ces 15 jours d’allaitement beaux ! Ça été très difficile pour moi au niveau du rythme et de la fatigue mais jamais je n’oublierai la beauté de voir mon enfant se nourrir à mon sein. Ces moments de partage et de fusion qui en découlent, l’attachement qui se crée à travers ces échanges de regards si intenses, de voir mon corps qui est en capacité de nourrir mon enfant, de subvenir à ses besoins pour vivre… C’est incroyable !
Le séjour à la maternité était terrible ! Je me sentais si mal, si fatiguée, si bouleversée, si perdue ! Séjourner dans une chambre d’hôpital si blanche, si froide, si vide lorsqu’on donne naissance à un enfant est, à mon sens, en contradiction totale avec l’événement qui est censé représenter joie et bonheur. Evidemment je dis ça parce que tout s’est bien passé pour moi, que je n’avais pas besoin de soins particuliers.
Après coup, j’aurais préféré un lieu plus chaleureux, plus charmant et plus rassurant, entourée de professionnels mais un lieu qui m’aurait permis d’être en communion avec mon conjoint et mon enfant, un lieu où j’aurais pû me reposer réellement et me sentir rassurée.
Car il faut se le dire, il n’y a rien de pire que la maternité pour accentuer votre fatigue : passage non stop de personnel dans votre chambre, bruits dans le couloir la nuit, repas servis à des heures inimaginables (et tellement pas bons), sans parler des visites des proches (que j’ai eu la chance de ne pas avoir, oui oui, je suis vraiment contente de ne pas pu avoir de visite des proches à cause du Covid !)
Mais le plus difficile restera le deuil de ma grossesse, ce sentiment d’avoir perdu quelque chose qui m’était cher, cette sensation de ballon de baudruche qui se dégonfle un peu plus chaque jour pour finir complètement vidé, essoufflée.
A la recherche de qui je suis, je tâtonne mon environnement à l’aveugle, j’avance sur un chemin escarpé en sentant clairement qu’il me manque quelque chose pour y arriver… mais quoi ? Je pleure sans cesse, en voyant mes photos de grossesse, mes affaires de grossesse, je suis jalouse des femmes enceintes que je croise… Je me regarde dans la glace et je pleure ce ventre rond qui me rendait si forte, si courageuse, si belle.
C’est ma sage femme qui au bout d’une semaine après mon retour à la maison, m’a dit qu’une chose qui fait parti du post-partum c’est le deuil de la grossesse. Que pendant 9 mois, j’ai oublié ce que c’est que ne pas avoir confiance en soi, d’avoir une mauvaise image de soi, d’avoir peur du jugement des autres, d’avoir peur de dire ce que je pense pour être en accord avec moi même. Que je dois accepter d’aborder ce passage comme un deuil, d’accepter que je ne suis plus enceinte et que même si je retombe enceinte, ma grossesse sera différente.
« Mais comment accepter de devoir faire un deuil lorsqu’on a eu une grossesse géniale, un accouchement de rêve et un enfant en pleine forme ? Ma première réaction est de refuser et de rester enfermée dans ce mal être qui s’accentue un peu plus chaque jour pour finalement accepter « d’enterrer » ma grossesse et d’avancer en tant que maman. »
Honorine
A partir de ce moment-là, j’ai commencé par ranger mes crèmes un jour, mes vêtements un autre jour. J’appréhende énormément mon dernier rdv avec mon gynécologue pour finalement décider de l’aborder comme un enterrement, l’enterrement de ma grossesse. Les mots sont forts mais essentiels pour m’en sortir. Et aussi étrange que cela puisse paraître, ce dernier rdv a été un moment merveilleux car il m’a permis d’accepter que je faisais une dépression post-partum et surtout il m’a permis d’accepter que je ne suis plus une femme enceinte mais une femme mère.
Je me sentais préparée au maximum de choses mais à aucun moment je ne m’étais préparée au fait que je ne serais plus enceinte, que la grossesse à un début mais aussi une fin.
J’anticipe la prochaine étape difficile : la reprise du travail et la nounou.
Quelle torture de devoir me séparer de mon enfant pour le laisser de nombreuses heures chez une dame que je ne connais pas, qui aura beau me dire ce qu’elle veut sur le temps passé avec mon fils, je ne pourrais pas vérifier, je dois lui faire confiance.
Oui, je vis une torture avant même d’avoir laissé mon fils chez la nounou car dans ma tête il passera plus de temps chez elle que je ne passe de temps au travail, car j’aurais l’impression de l’abandonner, de ne pas être celle qui l’accompagnera tout au long de la découverte de ce monde, de son monde. Je pleure chaque jour à l’idée de le laisser, je voudrais continuer de passer mes journées entières avec lui, au moins jusqu’à ses 6 mois.
Mais je n’ai pas le choix, notre situation financière ne nous permet pas que je sois en congé parental à 100 et je viens de prendre 1 mois de congés.
Alors puisque je n’ai pas le choix, je dois me taire, retourner au travail et souffrir ? C’est ça être maman en France en 2020 ?
Chaque jour depuis que j’ai accouché, j’apprends à me faire confiance, à croire en mes capacités à être maman, à répondre aux besoins de mon enfant, à lui faire confiance et à le protéger. J’apprends à connaître mon fils un peu plus chaque jour, à décrypter son langage, à entrer en fusion avec lui.
Il me permet d’être moins pudique au niveau de mes sentiments, de lui montrer mon amour et la fierté d’être sa maman un peu plus chaque jour, de me dévoiler.
La maternité m’a aussi permis de ne plus me soucier du jugement des autres et d’assumer qui je suis, ce que je fais. Aujourd’hui je suis maman, je me sens responsable et légitime de faire des choix puisque ces derniers seront faits pour le bien-être et la protection de mon enfant.
Je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas, je sais qui j’ai été et qui je suis devenue et je fais les choses en fonction de moi en portant très peu d’intérêt à ce que peuvent penser les autres, ce que peut penser mon entourage.
Oui j’ai changé et je me sens en accord avec ce que je suis devenue, je me sens heureuse et comblée. Aujourd’hui ma priorité c’est mon fils, c’est la famille que j’ai créée avec mon conjoint et tout le reste passe après, peu importe les réflexions que cela pourrait engendrer. Je me sens en paix.
J’aurais mille conseils à donner aux futures maman mais je pense que chaque personne vit sa grossesse, sa maternité et son post-partum selon son histoire, sa personnalité, sa vision des choses.
Donc la première chose à faire c’est de s’écouter, de se faire confiance même si cela paraît infaisable au départ et de se sentir en accord avec ce que l’on est peu importe ce que votre entourage ou les médecins pourraient dire.
Acceptez d’aller mal, d’être fatiguée, d’être perdue, de ne pas vous trouver belle. Accueillez la chute d’hormones et toutes les émotions qui vous traverseront, la joie, la tristesse, la colère. Remerciez votre corps d’avoir créé la vie, accompagnez-le de manière positive dans la convalescence.
Apprenez à vous détendre, ayez une visualisation positive de vous pour éviter de vous enfermer dans un cercle vicieux de dévalorisation de soi. Vous êtes devenue maman et cela peut-être bouleversant car ce n’ai pas rien. Vous avez le droit de vous plaindre, de dire que vous allez mal. Mais vous pouvez aussi être fière de tout ce que vous avez fait pour devenir mère, croyez-le, vous êtes géniale !
Il faut aussi accepter qu’il n’y a pas de mode d’emploi pour devenir parents. Vous allez vous sentir seule plus d’une fois, c’est normal, vous êtes en apprentissage. Vous pouvez vous sentir mal entourée, mal préparée, encore une fois chaque personne est différente, chaque grossesse et chaque accouchement sont différents, chaque nourrisson est unique : écoutez-vous, croyez-en vous, en la maman que vous êtes en train de devenir et apprenez à écouter votre enfant.
« Une phrase que mon pédiatre m’a dite et que je me répète chaque jour « Si ce que vous faites vous paraît logique alors vous faites bien ». «
Honorine
Gardez aussi en tête que vous pouvez demander un suivi psychologique à la maternité. C’est pris en charge entièrement et à disposition dans chaque maternité sauf qu’on ne le sait pas. C’est, pour moi, super important de parler, de mettre des mots sur ce qu’on vit, d’extérioriser.
Vous avez droit à 3 séances avec une psychologue spécialisée en maternité, pendant votre séjour à la maternité mais aussi après. Vous n’êtes pas folle, vous avez donné naissance et cela peut être traumatisant alors foncez ! Parlez !
Et enfin, on ne le répètera jamais assez : REPOSEZ-VOUS !