Mon Post-Partum

PP Presque parfait

Le post partum « presque » parfait de Cassandra. Entre illusion et réalité…

Je m’appelle Cassandra, j’ai 24 ans et je suis la maman de Noam qui a 7 mois aujourd’hui. Nous vivons avec son papa à Sofia en Bulgarie depuis Août 2019.

J’ai toujours voulu avoir des enfants, c’est vrai que dans ma famille on est plutôt nombreux : J’ai deux frères, un petit et un grand.

Et j’ai énormément de cousins – cousines alors c’est tout naturellement que je me voyais porter la vie un jour. Je suis tombée enceinte très rapidement après avoir arrêtée ma contraception – dès le premier cycle – à ma grande surprise, j’aurai plutôt pensé que cela prendrait plusieurs mois mais sûrement pas un mois. Ravie de cette nouvelle, je commence à m’informer et je passe le premier trimestre avec une grosse fatigue mais aucun autre maux de grossesse. Les deux autres trimestres se passent aussi facilement. Comme je vis loin de mes proches, je profite pour garder ce secret des mois et je n’en parlerais à mon entourage que pendant mon cinquième mois. Je m’estime vraiment chanceuse de n’avoir connu aucun maux de grossesse.

La naissance de Noam était prévue pour la fin du mois d’août. Ce qui a juste été difficile à gérer pendant cette grossesse c’était les fortes chaleurs. Mais comme je le dis plus haut c’est vraiment le genre de grossesse rêvée. Le genre de grossesse qui te donne envie d’avoir d’autres enfants !

Mentalement, j’étais prête et renseignée même sur-renseignée, applications, podcasts, livres, blogs…

Je me levais maternité, je mangeais maternité, je dormais maternité, bref je vivais maternité. Je cherchais la moindre information pour donner le meilleur à mon enfant.

Une belle erreur. A trop vouloir bien faire, je finis par me tirer une balle dans le pied.

J’avais entendu parler du post partum évidemment, j’avais lu quelques lignes sur cette période post-grossesse, ce fameux “quatrième trimestre”. Sûrement faut-il le vivre pour le croire car aujourd’hui quelques mois après avoir accouché c’est comme si je n’avais jamais été au courant. Avoir un enfant vous pousse dans vos retranchements comme pas possible.

 

Après la naissance de Noam, les premiers jours à la maternité étaient beaux. Il dormait presque toute la journée (pas la nuit évidemment) et j’étais loin d’imaginer que j’aurai du commencer à me reposer et profiter de cette bulle (Covid est passée par là). J’avais ce désir d’allaiter et tout s’est mis en place facilement sans aucunes douleurs. Naturellement, Noam a eu droit à sa tétée d’accueil quelques minutes après être venu au monde puis les jours qui ont suivi il a été allaité à la demande. J’apprenais au contact des auxiliaires, des sages-femmes sur ce nouveau rôle. J’ai décidé d’allaiter Noam exclusivement pendant ses 6 premiers mois, c’est-à-dire qu’il n’a rien reçu d’autres que mon lait maternel et toujours au sein évidemment.

Hors de question de lui donner un biberon et une tétine, la fameuse confusion sein-tétine. Elle me retournait carrément l’estomac (voilà où j’en étais à force de chercher des informations à tout va), j’avais peur de gâcher l’allaitement que j’avais tant imaginé. Cette confusion existe mais faites confiance à votre enfant. Accepter de donner un biberon (de mon lait et pas une préparation commerciale bien sûr quelle idée!) de temps en temps m’aurait permis de lâcher la pression et peut-être de me reposer quelques heures de plus. Avec le recul maintenant je sais que j’ai agi de cette façon car je voulais « trop » bien faire avec Noam.

Après mon séjour à la maternité j’avais hâte de rentrer chez mes parents car Noam est né en France mais nous n’y avons pas de logement. Tout était prêt, ma mère avait mis tout son cœur pour accueillir son premier petit enfant! C’est d’ailleurs elle qui était présente à mes côtés le jour de l’accouchement. Ce fameux jour de sortie arriva, je me souviens encore du moment où j’ai rangé nos valises et où j’ai mis Noam dans son cosy. Il était si petit. Je le regardais dans la voiture, sentiment de bonheur mais de peur à la fois.

Une fois à la maison, je vais dans notre chambre, décorée de ballons et je m’effondre en larmes. Sans savoir pourquoi. Je me souviens de ces premiers jours comme si c’était hier, je crois aujourd’hui comprendre que je les ai vécu en tant que spectatrice.

Ma mère s’occupait beaucoup de Noam -elle a eu 3 enfants- et moi je regardais, j’observais, en faites j’avais peur. Et j’étais aussi très très fatigué. L’accouchement, le manque de sommeil, le téléphone qui sonne à tout va, les visites à n’en plus finir… Le matin je ne voulais même pas me lever car je savais que la maison serait remplie et surtout que personne ne respecterait mon besoin de repos et le besoin de Noam de prendre ses marques après avoir passée 9 mois dans son cocon.

“Il faut l’habituer au bruit” – “arrête de le prendre au bras ce sera un garçon à maman” et j’en passe. Toutes ces phrases que j’ai entendu à longueurs de journées ces premières semaines. Mais toutes ces personnes n’ont-elles jamais eu d’enfants ? Hélas si. Mais pourquoi pensent-elles de cette façon ? Je ne cesserais de me poser cette question. Comment des mères qui ont porté la vie plusieurs fois peuvent-elles sortir de telles inepties ?

J’étais énervée contre le monde entier mais je faisais mine de rien, j’acquiesçais seulement. Je ne voulais voir personne excepté mon conjoint, mais lui n’était pas là… J’étais seule face à ce bébé que je croyais connaître mais que je ne connaissais pas si bien que ça finalement.

Dieu merci mon corps a été épargné à l’accouchement. Un décollement de membranes a permis d’enclencher un travail de quasiment 12h. Une nuit blanche dans les jambes, plusieurs poussées, les forceps, une déchirure ont rendu les premiers jours physiquement difficiles. J’avais du mal à m’assoir je faisais tout au ralenti mais ça allait contrairement à ce que j’avais imaginé.

Ce qui m’a le plus choqué c’est la façon dont laquelle ta vie change du jour au lendemain.

Comment tu n’auras plus jamais le temps d’avoir le temps. Une simple sortie se transforme en expédition. Mon sac à main me manque, le silence me manque, le temps me manque, mes amies me manquent, la femme que j’étais avant me manque, mon chéri me manque alors que je le vois tous les jours…

Devenir mère ne s’apprend pas dans les livres. C’est ce que j’ai compris après avoir accouché. Devenir mère c’est tous les jours de ta vie désormais. La transition n’a pas été évidente. Je ne l’imaginais pas ainsi. Accepter ce changement n’a pas été facile mais aujourd’hui j’ai compris que c’est Noam qui nous impose son rythme.

Jour après jour, j’avais une sorte de mal-être qui s’installait en moi et plus il s’installait moins je savais vers qui me tourner de peur d’être incomprise. Même à mon conjoint alors que l’on est tous les jours ensemble, je n’osais pas lui en parler.  Tout se résume à une charge mentale bien trop importante. Noam, les taches ménagères, l’administratif… Tout cela au quotidien est bien trop lourd à porter pour une seule personne. Pour une personne comme moi qui cherche toujours à ce que tout soit réalisé dans l’ordre des choses et qui accepte très peu l’imprévu.

Actuellement, très peu de personnes savent ce par quoi je suis passée. Il y’a d’un côté mes amies qui n’ont pas encore d’enfants à qui je dis que je suis fatiguée, j’ai droit à “mais il fait pas encore ses nuits” – “laisse-le pleurer” donc je ne m’attarde pas sur le fait que je vais mal car je pense qu’elles auraient du mal à tout comprendre ce qui est tout à fait légitime. Et d’un autre côté, mes amies qui sont également mamans et qui vivent plus ou moins la même chose et avec qui la parole est beaucoup plus simple. La famille est également là mais avec toutes ces injonctions et des conseils que je trouve des fois mal placés, je n’aborde le problème qu’à sa surface alors que c’est la partie inondée de l’iceberg qui mériterait plus d’attention. Aujourd’hui mon conjoint est mon plus grand soutien et ma plus grande force. Grâce à lui, je relève la tête doucement.

Depuis que je suis devenue maman mon image de la maternité est différente. Si je suis amenée à avoir d’autres enfants dans le futur je ne ferais pas les choses de la même façon.

La maternité est la plus belle mais également l’expérience la plus compliquée et je sais que le chemin est encore très long.

J’aimerais que toutes les futures mamans soient informées raisonnablement sur la nouvelle vie qui les attend que ce soit pendant la grossesse, le jour de l’accouchement et surtout après l’accouchement. Ces témoignages ne sont pas là pour vous faire peur au contraire ils sont là pour vous préparer aux éventualités. Puis, chez certaines (heureusement) tout cela se passe comme sur des roulettes!  

Je veux qu’elles se sentent comprises et qu’elles n’aient pas peur de parler et hausser le ton si il le faut pour se faire entendre. N’ayez surtout pas peur de parler ni de demander de l’aide ça ne fait pas de vous une mauvaise mère. Vous verrez, vous vous sentirez mieux. Si vous aviez dans l’idée d’agir d’une certaine façon dans la vie de votre enfant, acceptez que tout ne se passera pas comme vous l’aviez imaginé. Ce n’est juste pas possible. Et surtout, l’essentiel de l’équilibre familial : prenez du temps pour vous et pour votre couple.

Cassandra.

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