Une nuit à la maternité, l’immersion d’un père.
Je m’appelle Franck, j’ai 31 ans, je suis opticien et papa de deux enfants. Aîné d’une fratrie de cinq. J’ai toujours souhaité avoir des enfants, j’ai toujours vu des femmes autour de moi s’occuper d’enfants.
La maternité m’a donc toujours été familière. La paternité par contre beaucoup moins. A cause du modèle social certainement et ma relation avec mon père.
J’ai vécu les grossesses de ma femme très sereinement. C’est stressant et éprouvant car il faut composer avec les multiples perturbations qu’entraînent une grossesse ce qui n’est pas le plus agréable. Mais dans l’ensemble c’était plutôt plaisant. Cela c’est fait naturellement avec les contraintes dont on avait entendu parler. Mais les choses ont avancé petit à petit de manière fluide. Ces grossesses ont été sans complications se qui a contribué aussi à ce sentiment de sérénité. Mais tant qu’on y ai pas vraiment on ne réalise pas.
La naissance de mon 1er enfant c’est faite dans une grande maternité parisienne et cela a été stressant, la sensation que le travail ai été accéléré, l’absence de sollicitation du papa.
Mais c’était vraiment chouette, la maternité était agréable je pouvais passer toute la journée dans la chambre. Cependant, frustrant de devoir rentrer le soir, de devoir quitter ma femme et mon fils. D’avoir des sons de cloches différents aussi, sur les horaires selon le personnel.
Finalement pour un premier on est très à l’écoute, on est hyper raisonnable sur les conditions. On veut respecter les règles.
Pour le 2eme accouchement, la naissance de ma fille. Cela m’a paru plus simple, comme on l’avait imagé. Tout est allé dans le bon sens. La garde de l’aîné, l’arrivée à la maternité. J’ai pu être présent. Nous étions masqués évidemment à cause de la situation sanitaire, c’était fin novembre, nous n’étions pas dans une période de confinement.
Plus entourés aussi. Je me suis senti plus impliqué, il y avait plus de patience de la part de l’équipe. Un accouchement idéale. Une équipe au top qui a su nous mettre a l’aise.
Je ne connaissais rien du post partum, ma femme m’en a parlé qu’à partir de la naissance de notre 1er enfant. Et encore, elle non plus de savait pas vraiment grand chose là dessus…
On savait qu’il fallait être prêt à vivre une tempête émotionnelle, physique, intense… On lui disait qu’elle allait certainement pleurer… Mais je n’ai entendu le terme » post partum » que réellement à la naissance de ma fille. Je ne savais même pas qu’il y pouvait y avoir un blues après. Je savais qu’il y avait une redescente d’hormones seulement. Ni que les hommes pouvaient être touchés. Ca n’a pas été mon cas…
J’ai pu être très présent pour mon 1er enfant. Mais pour ma fille, plus difficile de rester longtemps, je devais m’occuper du grand qui ne pouvait pas venir à la maternité.
Deux ans et demi c’est encore petit, et la rencontre à la maison c’est très chouette aussi.
Mais j’ai eu la chance de pouvoir passer une nuit avec elles.
La maternité n’est pas un hôtel, il faut en être conscient. J’étais surpris de pouvoir rester, comme un petit garçon qui reçoit un cadeau. J’étais excité que la nuit commence, comme d’aller dormir chez un copain. J’avais prévu mes affaires. J’étais heureux de passer ma première nuit avec ma fille. Ce que je n’avais pas pu faire pour mon fils. C’était déjà merveilleux d’avoir une fille, que tout ce soit bien passé. Et là, c’était de nouveau une première fois. Le personnel de santé était attentionné.
Je vivais au rythme des visites des auxiliaires puéricultrices de nuit, des sages femmes en service. Du tchecking quotidien et des soins qui continus quand une maternité s’endort. Et elle ne s’endort jamais vraiment d’ailleurs !
Je vivais au rythme des tétées continues des premiers jours. Aidant ma femme en me levant pour lui donner notre bébé, participant ainsi à son allaitement.
Nous étions tous les deux dans l’action. Cette nuit là n’a pas été la nuit la plus reposante de ma vie évidemment mais j’en garde un superbe souvenir. La sensation d’avoir participé pleinement le temps d’un nuit. Parce que finalement, on ne se rend pas compte de ce qui s’y passe quand on part le soir et qu’on revient le lendemain. La place du co-parent est difficile à trouver.
Pour mon premier enfant, j’avais pu profiter de mon congé paternité ( mes 11 jours) tout de suite après sa naissance. Et c’était la peine au coeur que j’étais reparti travailler. Cela passe tellement vite. On a si peu de temps pour savourer les premiers jours de vie. Pas facile de concilier le travail et les petites nuits si on veut aider pleinement la maman.
Je savais que pour ma fille je ne pouvais pas poser mes congés directement après. Je n’ai eu donc que 3 jours avant ma reprise. Heureusement qu’il y a pu avoir cette nuit là.
Cette nuit suspendue, tous les trois dans cette chambre de maternité. Bien sur qu’on a pensé fort à notre grand. Qui était garder par sa grand-mère. Mais c’était sans comparaison avec lui justement, c’était vraiment inédit pour moi.
J’ai donc profiter de mes 11 jours ensuite lorsque ma fille a eu un mois. J’étais préparé, mais ce n’était pas facile de reprendre tout de suite le travail. de reprendre un nouveau rythme à 4. Surtout quand il faut allier vie professionnelle et famille. S’occuper du grand, aider ma femme, s’occuper et créer du lien avec ma fille.
Je voudrais dire aux papas de demain, ce que je dis à mes amis.
C’est qu’il faut profiter, suivre le rythme sans trop se poser de question. Ne pas hésitez à prendre se faire sa place, parce qu’elle est très importante. Même quand on à la sensation de ne pas servir à grand chose, sachez que c’est généralement le contraire. Nos femmes, nos bébés ont besoins de nous.
Faites du peau à peau à la naissance et tous les jours qui suivent s’il le faut, faites ressentir votre présence par toute les actions possibles et imaginables, n’ayez pas peur et faites vous confiance.