Maladie chronique, maternité et post partum: Les combats de Mathilde.
Je m’appelle Mathilde, j’ai 32 ans et j’ai l’immense joie d’avoir donné naissance à 2 enfants. Athénaïs en Juillet 2017 et Maxence en Août 2019.
Voici le contexte dans lequel se sont déroulées ces deux grossesses.
Pour faire simple (et court ), je vais débuter en 2013, quand j’ai déclaré une maladie chronique (inflammatoire des intestins, la rectocolite hémorragique). Cette maladie s’active par crises, plus ou moins fréquentes, plus ou moins douloureuses. Les symptômes sont différents chez chaque malade, mais moi, j’avais de forts maux de ventre puis de très violentes envies d’aller aux toilettes. Parfois, ces envies étaient incontrôlables et je n’avais alors pas le temps d’arriver jusqu’aux toilettes. J’ai donc pris l’habitude de regarder où sont les toilettes dès que je me rends quelque part (même dans la rue) et d’être très vigilante pour éviter les accidents.
J’ai suivi de nombreux traitements afin de soulager mes symptômes. La majorité de ces traitements sont très lourds (des demi-journées à l’hôpital une fois par mois, des seringues tous les matins, etc…) et souvent récents, ce qui rend impossible une grossesse.
De plus, la maladie chez moi ne se calmait jamais. Elle était toujours très forte, très présente. Ainsi, on m’avait dit qu’il ne fallait absolument pas tomber enceinte tant que la maladie était à ce niveau-là. Le bébé risquait d’être trop petit et d’arriver prématurément.
Devenir mère était l’un de mes rêves les plus chers! La maladie me rendait le rêve compliqué. D’autant que les traitements ne calmaient en rien mes symptômes. J’étais désespérée de voir un jour un traitement fonctionner ou que la maladie « s’endorme » d’elle-même.
Alors un jour, une décision un peu folle et mon mari et moi. Nous nous sommes lancés dans l’aventure de la maternité. Je suis tombée enceinte très rapidement.
A cette époque (fin 2016), je travaillais beaucoup et étais très stressée. Cela a engendré des symptômes de la maladie de plus en plus difficiles à gérer avec la fatigue de la grossesse.
J’ai donc été arrêtée à 4 mois. J’ai pu profiter de chaque moment de la grossesse (ce qui n’a pas été le cas de la deuxième). Le bébé était petit mais je pressentais que tout allait bien.
Afin d’être plus détendue, j’ai débuté de la sophrologie et vu un magnétiseur.
Athénaïs est née un mois à l’avance, en juillet 2017 et effectivement. Elle était petit bébé ( et est toujours aujourd’hui, à 3 ans et demi, un petit format), en parfaite santé.
L’accouchement s’est bien passé, sous péridurale.
Je pense que comme j’ai pris le temps de profiter de la grossesse, j’ai ADORÉ être mère! Quelle joie, quelle fierté.
Le regard rivé sur elle toute la journée, j’ai adoré chacune de ses mimiques, chacun de ses soupirs. J’ai pu aussi profiter d’elle 6 mois avant de retourner au travail (où j’ai été accueillie par un licenciement).
Je me souviens avoir vu des amies qui avaient accouché en même temps que moi. Et pour qui l’arrivée du bébé semblait tout chambouler mais moi non. L’arrivée d’Athénaïs a été un cadeau. Tout me paraissait facile. Sauf les déplacements où j’avais peur de devoir courir aux toilettes et la laisser dans sa poussette au milieu de la rue!
Je m’interrogeais pourtant. Je réalisais un rêve, j’aimais ma fille plus que tout et je passais pourtant la majorité de mon temps à faire un travail qui ne me plaisait pas au lieu d’être avec elle. Lorsque je rentrais le soir, j’étais fatiguée par ces journées psychologiquement très douloureuses et je n’avais qu’une hâte, c’est qu’elle soit endormie. J’ai trouvé cette société absurde. Faire des enfants pour ne jamais les voir.. cela me dérangeait, m’interrogeait, sans pour autant trouver de solution…
En parallèle, j’ai repris un traitement pour la maladie chronique, incompatible avec une nouvelle grossesse et celui-ci n’ayant pas fonctionné. Nous avons accéléré les choses et je suis tombée enceinte à nouveau très rapidement (fin 2018)!
Cette fois-ci, les symptômes se faisaient un peu plus discrets, ou du moins, je m’y étais habituée.
Je venais de changer de travail. J’ai donc pu travailler jusqu’au bout avec entrain, en niant ma grossesse, que pourtant j’avais souhaité du plus profond de mon cœur. Je me souviens avoir pris mon scooter jusqu’au 8eme mois tout en me disant « pourquoi ma vie a-t-elle plus de valeur alors que je suis enceinte? ».
En juillet 2019, j’étais presque triste de quitter le projet sur lequel je travaillais.
J’ai pris une semaine de vacances avec Athénaïs. Puis je me suis mise à faire des cartons pour notre déménagement prévu pour septembre 2019, juste après la naissance du bébé.
Puis, par canicule et avec une sciatique, j’ai gardé Athénaïs (2 ans) pendant 2 semaines avant qu’elle parte chez ses grands-parents pour me soulager une semaine. Je me suis reposée quelques jours mais nous avons rapidement décidé de rejoindre Athénaïs en Bourgogne, tant elle nous manquait.
J’insiste sur ces détails qui ont leur importance pour soulever le fait que, à l’inverse de la première grossesse, pour cette deuxième grossesse, je n’ai pas pris de temps pour moi. Je me suis à peine reposée, j’étais prise dans les obligations du déménagement, de la famille, etc…Une fuite en avant dont je me rends compte aujourd’hui avec le recul (mais dont je suis familière).
Le soir-même de notre arrivée en Bourgogne, j’ai perdu les eaux!
Panique car je n’avais même pas mon dossier médical.. L’hôpital nous a accueilli et nous a demandé d’attendre car le travail n’avait pas commencé. C’est ainsi, que quand le travail s’est amorcé. Il n’a pas été décelé et après 3 tentatives trop tardives (et très douloureuses) de péridurale, j’ai accouché sans. A bout de forces.
J’ai tenu mon fils sur moi pendant de longues minutes, mais je ne ressentais pas cette joie qui m’avait envahie pour Athénaïs. Je me sentais vidée. J’ai commencé alors à comparer et à culpabiliser.
L’avantage d’être dans un hôpital au milieu de nulle part, c’est que les visites sont inexistantes. J’étais en tête à tête avec mon bébé, c’était chouette!
Mais, très vite, j’ai senti un brouillard sur mes épaules s’imposer. La vie n’avait plus de saveur. J’ai fini par ne plus entendre mon fils, Maxence, pleurer la nuit. Mon mari y veillait. Et si je l’entendais, de toute façon, je n’arrivais pas à me lever.
Mais que m’arrive-t-il? Je réalise mon rêve le plus fou, d’être mère une seconde fois et c’est l’horreur..
Je ne comprenais pas ce qui m’arrivais. Ma seule hâte, c’était de le déposer à la crèche et de reprendre le travail le plus vite possible…
Je ne me reconnaissais plus. La famille, les bébés, les enfants, c’est ma vie…
J’ai vécu la rééducation du périnée comme une souffrance sans fin. On ne peut pas me laisser tranquille? Il faut en plus que je mette cet objet froid et dur à l’endroit où mon fils vient de passer. Dans cet endroit si intime, qui s’en remet à peine et avec lequel je n’ai pas encore renoué contact!
En parallèle, je tentais un nouveau traitement pour la maladie chronique, le dernier sur le marché. En cas d’échec, l’ablation d’un bout d’intestin sera l’option la plus probable.
C’est dans cet état d’esprit que j’ai repris l’hypnose, en désespoir de cause, pour donner toutes les chances possibles à ce nouveau traitement. Et également, inconsciemment, découvrir quel était mon problème.. Je ne me doutais pas un seul instant que j’étais en train de faire un burn-out maternel!
Des larmes ont coulé lors de ces séances, et j’ai progressivement repris du temps pour moi, ce qui a été salvateur. Pour moi mais aussi, pour ma famille!
Au-delà de l’hypnose et de soins énergétiques, qui m’ont beaucoup aidée, j’ai trouvé le courage de modifier ce que je n’aimais plus dans ma vie. J’ai prêté attention à mes pensées, en me demandant celles dont je ne voulais plus et d’où elles venaient. J’ai ainsi mis à jour des attitudes que j’avais avec mes enfants dont je ne voulais plus. Mais que je faisais sans m’en rendre compte vraiment, par réflexe, par habitude, par manque de temps, par impatience,…
Grâce à la maternité, j’ai pris le temps de me poser des questions sur moi, sur qui je suis, sur ce qui m’apporte de la joie dans mon quotidien. Comment créer une relation de qualité avec les personnes que j’aime le plus au monde. J’ai lu et dévoré de nombreux livres sur l’éducation, bienveillante, positive, etc… Mais aussi et surtout, des livres de développement personnel et spirituel.
Puis, j’ai expérimenté ce que je lisais, j’ai testé, j’ai approuvé, adapté, éprouvé. Parfois, cela était facile à expérimenter et d’autres jours, cela me demandait de l’énergie que je n’avais pas ce jour-là. Mais, pas grave, on a encore le lendemain pour tester à nouveau!
A partir du moment où j’ai repris le pouvoir de ma vie, la maladie l’a quitté. Depuis lors, je n’ai plus aucun symptôme et je ne prends plus le traitement depuis 6 mois.
Ce que j’aurais aimé savoir avant et qui m’aurait fait gagner du temps. Pour moi, c’est qu’il est primordial de cheminer personnellement afin de libérer les enfants des blessures de leurs parents. Il est important, en tant que parent, de vivre une vie alignée avec ses valeurs profondes. De savoir qui on est vraiment, avec ses talents et ses parts d’ombre. De s’accepter et s’aimer soi-même du plus profond de son cœur.
Cela permet d’aimer ses enfants de façon inconditionnelle, sans rejouer ce que l’on a connu enfant. Mais aussi de pouvoir les comprendre, les accepter et les connaître tels qu’ils sont. Nos enfants ne sont pas que « moitié-moitié ». Ils sont uniques. Chacun a sa part à apporter au monde, sa vision, sa lumière.
Enceinte, je ne me suis pas projetée avec des enfants. Je pensais au bébé, à l’arrivée du bébé, à l’accouchement. Je n’avais pas pris le temps de réfléchir à quelle mère je voulais être, quelle vie je souhaitais lui offrir, quelles valeurs je souhaitais lui transmettre. Ni non plus quel allait être mon quotidien avec un bébé. Puis un enfant, puis un ado, puis enfin, un adulte. Car finalement, nous élevons les adultes de demain!
Personne n’est jamais vraiment préparé à des phrases piquantes de son enfant telles que « tu es méchante, Maman! » qui te fendent le cœur. Mais, il y a 2 façons pour moi de recevoir ce type de phrases : Soit de rester sur sa douleur de l’ingratitude de son enfant. Soit d’accueillir et comprendre sa douleur mais également, d’écouter celle de son enfant. Que vit son enfant pour dire ce genre de phrase? C’est, pour moi, notre rôle de parent d’aller au-delà de ses propres blessures pour écouter celles de son enfant.
Je crois également que la clé aujourd’hui pour une vie de famille « bienveillante et positive » dont on parle aujourd’hui et qui parfois peut sembler culpabilisante. C’ est la qualité des relations. Chaque famille est unique, chaque parent également et chaque enfant aussi! A nous de créer notre famille, nos relations idéales.
Et cela demande du temps. Cela demande du temps pour y penser, pour tester, pour ajuster,… Dans nos vies à mille à l’heure, nos enfants nous demandent notre attention, notre présence pleine et entière, quand nous sommes avec eux. C’est tout un apprentissage, qui prend du temps. De vider son esprit de toutes ses pensées sur sa journée, ses réunions. Afin d’être là avec ses enfants et de leur consacrer du temps, tout le corps et l’esprit ensemble, sans téléphone ou autres pensées parasites.
Aujourd’hui, je considère mes enfants comme des alliés. Ils m’apprennent autant que j’ai à leur apprendre – si ce n’est plus d’ailleurs!
C’est aussi normal qu’il y ait des moments plus difficiles que d’autres car on se côtoie quotidiennement, avec chacun ses émotions, ses pensées, ses soucis.
L’idée pour moi est de trouver l’équilibre.
Quand trouves-tu que tes relations avec tes enfants sont satisfaisantes? Assez aimantes? Assez profondes? Si tu trouves que c’est équilibré, que la parole est douce et l’écoute attentive. Que tu passes plus de bons moments avec eux, alors c’est gagné!
Si tu trouves que les relations sont agressives, compliquées, alors, regarde en toi. Que rejoues-tu de tes blessures d’enfant, de tes conditionnements inconscients?
Et fais-toi aider pour te libérer, tu libèreras tes enfants par la même occasion!
Pour finir, aujourd’hui, je souhaite que mes enfants soient à l’aise avec moi. Afin qu’ils puissent être qui ils sont et non pas qui je souhaite qu’ils soient.
Je souhaite que mes enfants incarnent des valeurs de cœur afin de vivre dans la joie et la paix.
Je souhaite que mes enfants ressentent de l’amour pour qui ils sont, pour en ressentir pour les autres et pour la vie.