Mon Post-Partum

Mon Post-Partum : le témoignage de Coralie

Tout d’abord je tiens à préciser que j’ai vraiment beaucoup désirer mon enfant. Mon conjoint ne se sentait pas particulièrement pressé mais on va dire que je lui ai un peu mis la pression. D’ailleurs j’ai eu envie de devenir mère très tôt, il me semble même qu’adolescente cette idée me faisait déjà un peu rêver.


Ma grossesse fut une des meilleures périodes de ma vie. Moi qui suis de nature plutôt anxieuse, ce fut une vraie parenthèse de calme dans mon esprit, je n’ai jamais été aussi zen et épanouie. 

Coralie

Mon terme est arrivé et pas de signe d’accouchement donc j’étais surveillée et à J+4 finalement les contractions ont commencé naturellement. Malheureusement mon col n’était pas décidé à se dilater donc ils m’ont posé la péri alors que mon col était à peine à 2-3 mais que je souffrais déjà énormément depuis quelques heures. Ensuite mon col ne se dilatait que très peu et le bébé commençait à souffrir donc ça s’est terminé en césarienne d’urgence. 

Quand on m’a annoncé la césarienne j’étais plutôt soulagée car ça faisait presque 24h de travail et que je commençais à fatiguer même si avec la péridurale je n’avais plus de douleurs.

A vrai dire mon conjoint était plus en panique que moi et j’essayais de le rassurer au mieux pendant qu’on traversait les couloirs vers le bloc. Au départ ils nous avaient prévenu qu’il ne pourrait peut-être pas m’y accompagner et finalement une fois que j’ai été installée il a pu me rejoindre.

Cette installation au bloc a été un peu rude car j’ai bien senti que je commençais inconsciemment à paniquer intérieurement lorsque mes bras ont été pris de tremblements incontrôlables. Le pire c’est lorsqu’on m’a attaché les bras je crois. La césa s’est plutôt bien passée et ce qui m’a le plus surpris c’est de tout sentir (sans la douleur).


Le bébé a été sorti rapidement et lorsque j’ai entendu ses premiers cris mon conjoint et moi avons versé des discrètes larmes d’émotions (on est un peu pudiques je pense). Ils nous l’ont montré rapidement puis mon conjoint est parti avec lui. C’est là que j’ai vomi. Puis ils l’ont ramené rapidement pour qu’on puisse prendre des photos.



J’ai été conduite en salle de réveil, presque 2 heures qui m’ont semblé interminables. Et enfin j’ai pu rejoindre la chambre avec mon conjoint et le bébé.

Je ne me souviens plus vraiment de ce que j’ai ressenti à ce moment mais une chose est sure ça n’a pas été l’amour inconditionnel au premier regard qu’on nous vend tant. De toute façon il était 2h du matin, j’étais complètement HS et le bébé dormait donc j’en ai fait de même. Le papa est resté cette nuit-là.

Si mes souvenirs sont bons lorsque le bébé s’est mis à pleurer (je ne sais absolument pas à quelle heure cette nuit-là) je l’ai mis naturellement au sein car je ne voulais pas déranger les infirmières et que je ne savais pas encore si j’allais allaiter ou donner le biberon. Cette première fois s’est bien passée même si je n’y connaissais absolument rien et même si je ne savais pas si le bébé avait tété quelque chose ou pas.

On peut dire que globalement le séjour à la maternité s’est bien passé malgré le comportement parfois infantilisant de certaines infirmières ou sages-femmes. D’ailleurs je suis vite passé au biberon car je souhaitais tirer mon lait mais elles pensaient que ça n’avait pas d’intérêt, que selon elles l’allaitement c’était au sein et rien d’autre et que dans ce cas le biberon serait plus adapté. Je n’ai pas eu la force de me justifier ni de défendre ma conception donc je me suis laissé faire.

Je n’étais toujours pas dans l’amour inconditionnel, et je voyais mon bébé comme un étranger que j’allais apprendre à connaitre, mais au départ je ne me posais pas beaucoup de questions car je pense que j’étais trop fatiguée pour ça.

Je crois que le moment ou mon rôle de mère s’est imposé à moi d’une manière négative et violente c’est lorsque ma sœur était venue me rendre visite à la maternité et nous discutions tranquillement alors que le bébé dormait juste à côté de nous et que soudainement il est devenu tout rouge et très agité (comme s’il s’étouffais) sans bruits sortant de sa bouche. J’ai eu très peur car je ne savais pas ce qui se passait donc je l’ai pris dans mes bras et il s’est mis à pleurer tout d’un coup. J’ai appelé les infirmières car j’étais dans un état de stress comme rarement dans ma vie et j’ai expliqué à l’infirmière qui m’a répondu très calmement que ça devait être une remonté de glaires qu’il a eu du mal à gérer.

Cette explication au lieu de me calmer m’a mis dans un état de stress qui je crois m’a suivi pendant longtemps car je me suis rendu compte que mon bébé était vulnérable et que j’avais désormais la responsabilité de sa vie.

Cette responsabilité a je pense été la plus grosse claque de toute mon existence car à partir de ce moment-là je vivais dans la peur qu’une chose de ce genre se reproduise pendant mon sommeil par exemple et que mon bébé meurt.

Coralie

Le retour à la maison a été dur aussi car même si on est content de rentrer chez soi, mais on se retrouve face à un nourrisson fragile et j’avais peur de tout. Peur de lui donner le bain et de mal le tenir. Peur de m’occuper de sa cicatrice au nombril et de mal faire. Peur de ne pas réussir à lui faire faire son rot avant de le rallonger. Peur qu’il attrape un rhume. Peur de ne pas lui donner les bonnes doses de lait. Peur qu’il ne fasse pas caca ou que ses selles aient un couleur bizarre. Peur qu’il attrape une gastro. Bref la liste des peurs était tellement longue que finalement ma vie se résumait à ce mot pendant plusieurs mois.

Du coup j’étais dans le contrôle permanent, je notais tout : les heures des bib, les cacas… Car j’étais effrayée qu’il lui arrive quelque chose.

Ce contrôle permanent m’a empêché de profiter des bons moments car je vivais du matin au soir la boule au ventre et ma vie me paraissait être un tunnel très sombre sans fin dont je ne sortirais plus jamais. Je me demandais pourquoi on avait fait ça. Je voulais retrouver ma vie insouciante d’avant : avoir le temps de me laver, le temps de me maquiller, le temps de lire un bouquin ou un magazine, le temps de m’ennuyer, le temps de dormir…
Je voulais aussi retrouver ma liberté de sortir librement sans emporter ma maison avec moi, la liberté de rentrer tard sans avoir peur d’être fatiguée le lendemain, la liberté de sortir seule sans rendre de compte à personne, la liberté d’improviser une sortie non prévue…

Lorsque mon bébé dormait j’étais angoissée qu’il se réveille trop tôt (car j’avais trop peu de temps pour moi) ou qu’il se réveille trop tard pour respecter les bibs toutes les 3h et ne pas décaler le bib du soir et le rythme des journées et des nuits.

Bref ma vie était devenue un cauchemar et j’étais épuisée.

Le plus dur dans tout ça c’est de ne pas pouvoir en parler car on nous dit tellement que « c’est que du bonheur » qu’on culpabilise d’avoir ces pensées. Je n’osais même pas en parler à mon conjoint car j’avais peur qu’il flanche lui aussi si je lui avouais tout ça. Lui donnait de l’amour à notre bébé et moi je gérais la logistique globale de la maison pour que tout se passe au mieux.
Si il flanchait je coulais.

Alors j’ai fait comme si tout allait bien et je me cachais pour pleurer. Je ruminais sans cesse cette peur qui ne me quittait plus et je me demandais tous les jours si j’allais tenir le coup. 

Et petit à petit les choses ont évoluées, car j’ai repris le travail (en mode zombi au radar), notre organisation s’est rodée, les nuits sont devenues moins compliquées, les interactions avec le bébé se sont développées… Et j’ai commencé à entrevoir la lumière au bout du tunnel. Mais ça a été long. Je pense que j’ai commencé à me sentir mieux vers ses 6 mois, puis encore mieux vers ses 1 ans… Ainsi de suite. 

Aujourd’hui il a 4 ans (dans quelques jours) et je traine encore quelques idées pas top, mais je vais bien. Je suis toujours fatiguée car un enfant laisse peu de place au repos et aux moments de solitude (qui me manquent énormément). Ma vie d’avant me manque parfois encore. Mais il grandit et de jours en jours on avance vers du mieux.

C’est désormais un petit garçon adorable que j’aime plus que tout mais les débuts auront été difficiles.

Coralie

Aujourd’hui mon conjoint veut un deuxième enfant, et moi aussi (je pense) mais je suis terrifiée à l’idée de revivre les choses comme ça. J’ai la boule au ventre et à la gorge rien que d’y penser.

Mais je me rassure en me disant qu’on est plus préparé pour un 2ème et qu’on sait ce qui nous attend contrairement au 1er.

Je souhaite partager mon expérience car je pense que j’aurais aimé être plus préparée à l’arrivée d’un 1er enfant. La société veut faire croire que ce n’est que du bonheur et je voudrais juste que les futurs parents soient plus avertis. 


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